NOS ILLUSTRES ANCIENS
LE
GÉNÉRAL ROLLET
UN HOMME DE COEUR, DE CARACTÈRE ET D'IDÉAL
7 - La Grande Guerre (suite et fin)
Au 1er Bataillon, le Commandant de Sampigny est touché… On enlève aussi le Capitaine Damas… Enfin, vers trois heures du matin, à tout ce bruit inaccoutumé un soir de relève, succède un calme invraisemblable. Les hommes qui ne dorment pas se dressent tout à coup, surpris : sur le parapet, côté ennemi… des pas ! Une forme familière se silhouette nerveusement dans la nuit. Coiffé de son éternel képi (car personnellement je ne le vis qu'une seule fois en casque et c'était à Paris, pour la revue du 14 juillet 1919) le Colonel Rollet suivi à dix pas d'un seul coureur avec son chien, passe lentement son régiment en revue, à cent mètres à peine des allemands…"
DERRIÈRE LES LIGNES 1918
Relevé du front, le régiment vient d'arriver au repos dans un gros village, pour quelques jours. Bivouacs distribués, les légionnaires s'affairent aux milles occupations coutumières : chasse au ravitaillement, toilette, visite à un camarade, corvées de bois et d'eau, entretien des armes, lessive… le repos quoi ! Avec la déconcentration et l'éparpillement des unités et le libéralisme habituel de ces trop rares instants de paix. Soudain, une estafette surgit du P.C. du colonel, munie d'un ordre de remontée en ligne immédiate. Stupeur, colère, affolement de l'état-major qui ne sait comment rameuter les légionnaires en moins de plusieurs heures. "On a besoin de nous" dit simplement Rollet. Il endosse sa vareuse de toile, saisit le drapeau, se plante sur la place du bourg et réclame à la cantonade un homme qui sache sonner du clairon. "Le Boudin !" commande-t-il au premier qui se présente. "Suis-moi !" Drapeau au poing, suivi de son clairon époumoné, le colonel arpente à pas lents, sans un mot, la grand'rue de la bourgade. Une demi-heure plus tard, le régiment est rassemblé, équipé, sous les armes, prêt à partir.
On conçoit qu'avec un tel chef, les légionnaires ne marchandent ni leur dévouement, ni leurs sacrifices. Il avait su ajouter encore à l'audace et à l'efficacité de ses prédécesseurs et faire de ses hommes les spécialistes reconnus de la gloire.
La paix de 1918 leur verra décerner tous les honneurs, y compris celui de défiler à Paris le 14 juillet 1919, en tête de l'armée, premier de tous les régiments. Le Lieutenant-colonel Rollet, couvert de décorations, portant son drapeau au milieu de sa garde farouche et médaillée, enthousiasme Paris comme il l'a fait de Château-Salins ou des villes de l'Est libérées.