L'HISTOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE

1914-1918

Récit du fait d’arme de l’Adjudant-chef Mader

«C’est le 21 avril 1917. Les combats d’Aubérive se poursuivent avec acharnement. Le jour – un vrai jour de bataille, gris et froid – se lève sur un terrain sinistre. Quiconque a passé ce jour-là par la tranchée 67, que le 2ème Bataillon du Régiment de Marche de la Légion Étrangère avait arraché la veille à l’ennemi, se souviendra toute sa vie de ce tableau d’horreur : cadavres enchevêtrés, terres bouleversées, munitions baignant dans le sang, effets déchirés, armes éparses.

Dans la longue et profonde sape d’où s’échappaient des odeurs nauséabondes, mêlées aux morts ennemis en décomposition, éreintés par quatre jours et cinq nuits de combats, officiers et légionnaires des 6ème et 7ème Compagnies, déjà décimés, et quelques mitrailleurs, dormaient d’un pesant sommeil. Cependant, à l’extérieur où ne veillaient que quelques guetteurs, immobiles dans le lugubre silence de ce matin de guerre, côte à côte, anxieux de savoir ce qu’apportait avec lui ce nouveau jour de lutte, un capitaine et son adjudant-chef, l’Adjudant-chef Mader, déjà légendaire, observaient le terrain en avant.

La tranchée 67, orientée face au Nord, commandait le vallon.
Du versant opposé, qu’ils avaient atteint la veille à la tranchée Bethmann-Hollweg, les zouaves tenaient la partie Ouest. Mais en face de nous, l’Allemand s’était maintenu et même une batterie de canons lourds, soutenue par une compagnie, était encore en place à 150 mètres en avant du front du 2ème Bataillon. Pour y arriver, il fallait descendre dans le ravin, et le boyau à flanc de coteau était pris d’enfilade par une mitrailleuse ennemie admirablement pointée.

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L'adjudant-chef Mader