L'HISTOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
1914-1918
Récit du fait d’arme de l’Adjudant-chef Mader
Dans la longue et profonde sape d’où s’échappaient des odeurs nauséabondes, mêlées aux morts ennemis en décomposition, éreintés par quatre jours et cinq nuits de combats, officiers et légionnaires des 6ème et 7ème Compagnies, déjà décimés, et quelques mitrailleurs, dormaient d’un pesant sommeil. Cependant, à l’extérieur où ne veillaient que quelques guetteurs, immobiles dans le lugubre silence de ce matin de guerre, côte à côte, anxieux de savoir ce qu’apportait avec lui ce nouveau jour de lutte, un capitaine et son adjudant-chef, l’Adjudant-chef Mader, déjà légendaire, observaient le terrain en avant.
La
tranchée 67, orientée face au Nord, commandait le vallon.
Du versant opposé, qu’ils avaient atteint la veille à
la tranchée Bethmann-Hollweg, les zouaves tenaient la partie Ouest.
Mais en face de nous, l’Allemand s’était maintenu et
même une batterie de canons lourds, soutenue par une compagnie, était
encore en place à 150 mètres en avant du front du 2ème
Bataillon. Pour y arriver, il fallait descendre dans le ravin, et le boyau
à flanc de coteau était pris d’enfilade par une mitrailleuse
ennemie admirablement pointée.