L'HISTOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE

1914-1918

6 - LE RÉGIMENT DE MARCHE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE

6 - E - En Champagne : 17 avril 1917 Le «Golfe» d’Aubérive

6 – E – 2 – L'attaque du 17 au 21 avril 1917

Il fait encore nuit, lorsque, à 4 h 45 le 17 avril 1917, le tir s'arrête sur l’ensemble du front de l’offensive. Le bombardement a été extrêmement violent. Le couronnement boisé du massif a été presque intégralement rasé. Le 1er Bataillon s'élance, tout de suite pris à partie par les mitrailleuses qui ont échappé à la préparation d'artillerie, et par un violent tir de contrebatterie adverse. Seule la 1ère Compagnie du Capitaine Maire, partie "à cheval sur le dernier obus", parvient d'un seul élan et au prix d'un tué, jusqu'à la tranchée du Croissant. Les deux autres compagnies progressent le plus souvent en rampant jusqu'à la tranchée ennemie qu'elles arrosent de grenades avant de s'y précipiter pour de furieux corps à corps. On s'y fusille à bout portant. La tranchée des Austro-Hongrois, celle d'Arménie et l'extrémité de celle de Posnanie sont conquises dans la journée. Le 3ème Bataillon parvient de la même manière à s'installer dans le Bois des Bouleaux, et à prendre pied dans la tranchée du Bouleau, en liaison avec la 1ère Compagnie.

A la nuit des barrages de sacs de terre, édifiés à la hâte, jalonnent les positions des adversaires dans les tranchées, où les uns et les autres s'observent, prêts à profiter de la moindre défaillance pour poursuivre l'avance ou reprendre le terrain perdu. En dépit de la progression en formation plus diluée qu'en 1915, la vigoureuse défense allemande aidée par les mauvaises conditions atmosphériques, la neige ayant succédé à la pluie, l'avance française s'avère lente. La progression prévue par les États-majors, de 100 m en six minutes, n'a pu être tenue. Néanmoins, au prix de lourdes pertes, la ligne ennemie est entamée, même si elle n’est pas rompue.

C'est en quittant son P.C. du Centre Lambert, vers 7 heures que le Lieutenant-colonel Duriez commandant le Régiment est très grièvement blessé. Il ne consent à être évacué qu'après avoir passé ses consignes au Chef de Bataillon Deville, puis, rendu compte au Colonel commandant la Brigade. Il est transporté à l'ambulance où il meurt le lendemain, parfaitement lucide et soucieux de ses légionnaires durement engagés. Le 2ème Bataillon, réserve de Division, a progressé dans le sillage du 7ème Tirailleurs jusqu'au bois Allongé et à la tranchée du Landsturm sans être trop éprouvé au cours de la journée. Au cours de la nuit les Allemands tentent de reprendre les positions perdues en s'infiltrant entre les sections du Régiment. Des corps à corps violents entre des hommes également épuisés n'amènent pas de modifications des emplacements.

Suite

Les légionnaires dans les tranchées attendent le signal
Au signal, les légionnaires sortent des tranchées
Carte des combats de la Légion en Champagne