L'HISTOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
1914-1918
Extrait
de la revue "La Grande Guerre du XXème Siècle" N°
11
«La mort de Bruno Garibaldi»
Lettre de Notre Correspondant
Décembre 1914
Une lettre de l'Argonne au Corriere délla Sera, de Milan, apporte le récit émouvant de l'héroïque mort du petit-fils de Garibaldi, tombé en entraînant ses hommes :
«Garibaldi, en redressant sa haute taille, donne l'ordre de l'assaut: « En. avant, mes enfants, nous sommes fils d'Italie; en avant pour la France!» Mille voix répondent: «Vive Garibaldi! Bravo Garibaldi !» Le trompette Galli s'élance en sonnant la charge de toutes les forces de ses poumons, et les garibaldiens le suivent, se dirigeant contre les Allemands, commandés par Peppino Garibaldi, qui indique la routa avec sa badine.
Constant et Bruno Garibaldi, qui étaient avec le troisième bataillon de réserve, entendant sonner la charge, s'élancent ensemble; ils traversent le terrain découvert et sont déjà au moment de passer la ligne de la dernière tranchée française quand, autour de Constant Garibaldi, tombent blessés plusieurs soldats; Bruno, qui était à la tête de son peloton et d'une partie des hommes de la 6e compagnie, est blessé au bras. Il bande sa blessure et revient à la charge, suivi d'une cinquantaine d'hommes. Comme ses soldats, il porte un fusil. Mais tout de suite après, c'est une pluie de mitraille. Beaucoup d'hommes tombent. Deux projectiles frappent encore Bruno Garibaldi; ils entrent par le flanc gauche et sortent du côté opposé, sous l'aisselle. Bruno s'appuie contre un arbre, à côté d'un soldat blessé; il est mortellement pâle, et avec un filet de voix il dit à un soldat, qui cherche à l'aider:
- «Je suis
blessé; toujours en avant, enfants de Garibaldi !» Au soldat
Casali, qui s'élance pour le secourir, il répète :
- «En avant! je ne peux plus marcher.»
Et aux volontaires qui, sous la pluie de projectiles, se retournent et veulent
aller à lui, il murmure:
- «J'envoie un baiser à mon père, à ma mère
et à tous mes frères.» A côté de Bruno,
tombe le soldat Landini, de la 8ème Compagnie. Les Allemands lui
criaient de loin :
- «Rendez-vous, Français, vous serez bien avec nous.»
Landini répondit :
- «Merci, je suis Italien !....»