L'HISTOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
1914-1918
Extrait
de la revue "La Grande Guerre du XXème Siècle" N°
11
«La mort de Bruno Garibaldi»
(suite et fin)
Peppino et Ricciofti Garibaldi, après le combat, étaient ensemble quand arrive leur plus jeune frère Ezio qui dit que Constant le suit. Ricciotti avait déjà appris de son frère Santé que Bruno était blessé, mais il ne le savait pas mort. Quand Peppino Garibaldi apprit la nouvelle de la mort de son frère, il témoigna d'une douleur indicible. «Pauvre Bruno !» s'écria-t-il, et pendant longtemps il ne dit plus un mot. Il ordonna de rechercher le corps, et le lendemain ses frères allèrent à la découverte. Ricciotti, poussant à l'extrême l'audace, réussit à voir de loin le cadavre, mais ne put l'emporter, empêché qu'il en était par le feu des Allemands.
Le corps de Bruno était étendu à quelques mètres seulement de cette partie de la tranchée ennemie qu'ils n'avaient pas pu reprendre. Alors Ricciotti décida de creuser un tunnel pour arriver jusque sous le corps. Vers 6 heures du soir, la petite galerie était parvenue sous le cadavre de Bruno. Le lieutenant Pattarino et le caporal Salgemma se chargèrent de le transporter.
Mais, quoique ce fût de nuit, à peine avaient-ils essayé de prendre le corps qu'ils furent visés par le feu des Allemands. Toutefois, ils réussirent à le soulever et à l'emporter..... Après l'avoir enseveli, les frères de Bruno transportèrent le cercueil jusqu'au cimetière, où est la sépulture des soldats français morts jusque dans les premiers jours de décembre. Un capitaine, qui est prêtre, revêtit les vêtements sacerdotaux et donna la bénédiction. Le générai français Gouraud a prononcé l'oraison funèbre. Ricciotti a dit ensuite quelques paroles de remerciement, puis. Peppino a pris une poignée de terre humide et a dit aux soldats;
Suivant notre antique et pieuse coutume, prenons à pleine main cette terre et répandons-la sur ce cercueil pour que ce germe soit fécondé. Deux vaillants reposeront désormais pour l'éternité sous les arbres de cette forêt qui a vu pour la première fois verser le sang de la nouvelle légion garibaldienne pour la France. Bruno Garibaldi avait vingt-six ans.....»
«Le Temps», daté du 3 janvier 1915