NOS ILLUSTRES ANCIENS
LE
GÉNÉRAL ROLLET
UN HOMME DE COEUR, DE CARACTÈRE ET D'IDÉAL
Il a noué des amitiés solides, comme celle qui le liera jusqu'à la fin à Gouraud, a conquis l'estime affectueuse de Lyautey qui ne manquera plus de le parrainer, et s'est attiré aussi quelques jalouses inimitiés. Le caractère qu'il a hérité de son père, qui vient de mourir en 1910, ne le pousse pas à la révérence. Quand il le juge nécessaire, il ne recule devant rien. C'est ainsi qu'il s'affranchit de la voie hiérarchique pour discuter la condamnation prononcée en mars 1911 par le Conseil de Guerre contre un légionnaire de sa compagnie. Tancé par le Général Moinier, commandant le corps de débarquement et par le Colonel Simon, son supérieur direct, il n'en récidive pas moins, à peine deux mois plus tard, à propos d'un jugement analogue, assortissant sa correspondance directe au général d'appréciations sur le juges du conseil. Il faut s'appeler Rollet pour se permettre ce manquement aux règles établies et refuser – tout convaincu qu'il soit de la nécessité d'une stricte discipline – l'application systématique et aveugle de punitions infligées par d'autres à ses subordonnées.
Comme il le refera ici même dix ans plus tard avec plus de poids encore, Rollet veut affirmer le particularisme de la Légion et faire admettre que les seuls aptes à la commander sont ceux qui la connaissent et qui l'aiment – comme lui.
De 1909 à 1914, il prend part à 17 combats au Maroc : Beni-Ouizen, Bou-Denib, Casablanca, Melnès, Fez, Immouzer, la montagne de Tsouls, Taza... autant de noms, autant d'épreuves, autant de gloire. Mais si ses débuts au Maroc se sont fait sous le signe des combats et des accrochage, le Capitaine Rollet mène également, et comme tous les officiers des compagnies montées, des missions de reconnaissances topographiques, activités scientifiques et de travaux. Il dresse des relevés de terrain pour de futurs travaux de pistes ou l'amélioration des cartes existantes. A la fin de l'année 1913, la Compagnie Montée du 2ème Étranger poursuit la construction de la piste Petitjean - Fez, dans le secteur de l'oued Zegotta. Appelée pour une tournée de police par le Général Gouraud, la compagnie revient sur le chantier de la piste jusqu'au 14 avril 1914. A noter que le tracé de la piste défini par le Capitaine Rollet en 1912 a été conservé plus tard par les autorités marocaines devenues indépendantes qui l'ont transformée en route N° 3, reliant Fez à Port-Lyautey. (Voir le récit sur la construction de la route du Ziz et le tunnel du Foum Zabel dans les faits d'armes de la Légion Étrangère)
Le 16 mai 1914, les groupements Baumgarten et Gouraud font leur jonction à Taza. La réduction de la tache de Taza est terminée. Malgré sa demande de prolongation de séjour, la cinquième, le Capitaine Rollet doit quitter le Maroc et rentrer en métropole. Il bénéficie d'un congé de fin de campagne qui sera malheureusement interrompu assez rapidement.