NOS ILLUSTRES ANCIENS
LE
LÉGIONNAIRE ZINOVI PECHKOFF
GÉNÉRAL DE CORPS D'ARMÉE, AMBASSADEUR DE FRANCE
14 - La retraite
De retour à Paris, le Général Pechkoff s'installe dans son appartement de deux pièces au 107 de la rue Lauriston dans le seizième arrondissement. Entouré de livres, il y connaît la tristesse de la solitude et la nostalgie du pays où il est né. Il mais qui lui reste fermé, le régime ignore son existence mais il ne manque pas de léguer à l'institut Gorki de Moscou les lettres de Gorki précieusement conservées.
Dans son cercle d'amis il fait souvent référence à la Russie éternelle et à sa littérature. Jusqu'aux derniers moments il reste aimé et respecté de ses amis qu'il prend l'habitude de rencontrer dans un restaurant russe, au milieu de compatriotes de son âge, relatant parfois sa jeunesse à Nijni-Novgorod qu'il n'a jamais oubliée. Toujours fidèle à cette Légion Etrangère qu'il a tant aimée, il est membre des sociétés d'anciens légionnaires, participant régulièrement aux cérémonies traditionnelles de Camerone, faisant des dons généreux aux œuvres des anciens.
L'Etat
français ne l'oublie pas. Le 14 octobre, le Président Vincent
Auriol lui remet les insignes de Grand Croix de la Légion d'Honneur.
Au président de la République qui vient de s'adresser à
lui le Général Pechkoff lit cette franche réponse de
légionnaire, particulièrement émouvante :
"Je savais bien que je serai tellement ému que je ne pourrais
pas dire ce que je voudrais à cette occasion, tant je suis confus vis-à-vis
de moi-même de recevoir cette suprême distinction.
D'autres disent : récompense. La France n'a pas à me récompenser. C'est moi qui ne sais pas comment m'acquitter de toute sa bonté, de toute son indulgence pour mes très modestes services. C'est moi qui doit tout à la France. La France m'a adopté parmi ses fils, la France m'a permis de vivre utilement ma vie. La France donne à celui qui la sert la certitude de la clarté. La générosité est l'essentiel dans le caractère du Français et partout où la France est allée, dans tous ces pays qui ont connu par elle le bonheur de la civilisation, le nom de la France est prononcé avec gratitude et souvent avec émotion.
Permettez au plus humble des serviteurs du pays, devant vous, Monsieur le Président, d'exprimer ma gratitude très émue…Et quand le dernier moment de ma vie terrestre viendra, j'aurai devant moi le Drapeau sous les plis duquel j'ai plusieurs fois offert ma vie." (1)
En janvier
1964, dans sa quatre vingtième année, le général
de Gaulle l'envoie en mission secrète à Formose pour y rencontrer
Tchang Kaï-Chek, vieil ami du Général Pechkoff. Ce dernier
est porteur d'un message du Président de la République Française,
lui présentant les motifs pour lesquels la France va reconnaître
le régime communiste de Pékin.
La même année, il représente le France aux obsèques
du général Mc Arthur aux Etats-Unis.