NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE LÉGIONNAIRE ZINOVI PECHKOFF
GÉNÉRAL DE CORPS D'ARMÉE, AMBASSADEUR DE FRANCE

5 - Extrait (suite et fin)

Les tombes de ces héros inconnus sont perdues au milieu du désert ou en pleine montagne. Parfois, les noms ont disparus des croix de bois. Le soleil et les vents les ont emportés. Personne ne saura quels étaient les hommes qui gisent là et personne ne se penchera sur ces tombes.

Je n'oublierai jamais un légionnaire de ma compagnie. Pas une personnalité extraordinaire, pas une figure marquante: simplement un homme parmi des milliers d'autres. C'était un grand et gros Allemands, peut-être un Autrichien...Je ne sais au juste, il s'appelait Herman. Je le vis étendu sur le bord du chemin qui menait aux positions assiégées. Les hommes s'élançaient à l'attaque. Je m'arrêtai auprès de lui. Il avait été touché deux fois. De son ventre déchiré, les intestins s'échappaient. Plongeant ses yeux dans les miens, il dit: "Etes-vous content de moi ?" Pauvre garçon au grand coeur ! Si j'étais content de lui !

C'est au souvenir d'hommes tels que lui que je dédie ce récit de leurs peines, de leurs enthousiasmes, de leur travail et de leurs plaisirs; de tout ce qu'ils sont appelés à faire durant leurs cinq années de service. Cinq années que beaucoup prolongent jusqu'à dix et quinze parce que la Légion devient la partie essentielle de leur vie. C'est leur vie et ils ne peuvent plus trouver de bonheur ailleurs.

Sur le drapeau de l'Armée française, deux mots sont écrits : HONNEUR ET PATRIE. Sur le drapeau de la Légion Etrangère on lit deux mots: HONNEUR ET FIDÉLITÉ. Ces deux mots expriment l'esprit de la Légion".

Commandant Zinovi Pechkoff ;
Avant-propos de son ouvrage "La Légion Etrangère au Maroc" paru à Paris en 1927
Officier à titre étranger "Honneur et Fidelité"

 

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