NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE LÉGIONNAIRE ZINOVI PECHKOFF
GÉNÉRAL DE CORPS D'ARMÉE, AMBASSADEUR DE FRANCE

5 - Extrait

"L'été de 1925 me trouva à l'hôpital militaire de Rabat où j'attendais la guérison d'une blessure au pied gauche reçue en combattant les Riffains. J'eus le loisir de méditer et d'évoquer mes années de service au Maroc dans la Légion Etrangère.

Je pensai alors que j'avais un devoir vis à vis de ces hommes dont le sort avait été le mien durant plusieurs années et dont je venais de quitter les rangs. Je dois un hommage à la grandeur ignorée de ces soldats de fortune, ces travailleurs nomades qui, sous le soleil d'Afrique accomplissent une tâche innombrable et dure. Ils auraient le droit de dire, comme les soldats romains: "Nous marchons et la route nous suit", car là ou des pistes étaient à peine tracées dans le montagne, ils ont établi, entre deux combats, les chemins qui ouvrent à l'indigène son propre pays. Toujours guerriers mais tour à tour mineurs, terrassiers, maçons, charpentiers, ils sont les pionniers dont le travail et les sacrifices ont permis à d'autres hommes de vivre heureux et paisibles dans cette lointaine contrée. C'est à l'abri des postes qu'ils ont construits et où ils veillent, que la civilisation s'est développée au Maroc.

Ils sont simples, ils sont modestes dans la Légion Etrangère. Ils ne demandent pas qu'on récompense leurs services. Ils ne cherchent pas la gloire. Mais leur enthousiasme, leurs efforts magnifiques, l'admirable coeur qu'ils mettent dans tout ce qu'ils font, ne peuvent rester sans témoignage de la part de ceux qui les ont vus à l'oeuvre. Les légionnaires ne pensent pas qu'ils sacrifient leur vie en héros. Ils ne se prennent pas pour des martyrs. Ils vont de l'avant et, s'ils meurent, ils meurent avec joie.

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