NOS ILLUSTRES ANCIENS
LE
COLONEL PRINCE DIMITRI AMILAKVARI (1906-1942)
LE PRINCE DES LÉGIONNAIRES (suite)
Afin d'être au rendez-vous avec la 7ème Blindée anglaise dont il attend la protection sur le plateau, Amilakvari donne l'ordre au 2/13 d'enlever la hauteur : il est près de 5 heures. Sous le feu, sans faiblir, la Légion gravit la pente abrupte. Elle enlève l'objectif à la grenade et à la mitraillette, faisant 108 prisonniers et capturant un canon de 105. Le plateau est jonché de nombreux cadavres italiens. Le choc des contre-attaques est rude, des légionnaires sont même blessés à coup de poignard. Mais nous sommes sans nouvelles de la 7ème Demi-brigade qui, dans la plaine, se trouve encore au milieu des champs de mines. Soudain les panzers du Groupement Kiehl entrent en scène. Vers 7 heures, après une heure de corps à corps, le 2/13, faute d'anti-chars et d'appui d'artillerie précis, doit entamer son repli. Dans la plaine, le Lieutenant-colonel fait former un hérisson défensif sur un mamelon très en vue de l'ennemi. Les blessés sont évacués. Jusqu'à 9 heures, la Légion s'accroche au terrain : une automitrailleuse et trois chars brûlent mais les 105 italiens jouent aux quilles avec nos véhicules. Le lieutenant-colonel donne ses ordres, indifférent au feu de l'artillerie, toujours aussi calme alors que la situation est critique. Il est debout, en képi, et les légionnaires ont confiance puisqu'il est là - il a perdu sa pèlerine.
A l'instant où l'ordre de retraite nous parvient, le Sous-lieutenant Bourdis rend compte que 5 chars allemands ont réussi à contourner la position et vont nous couper la route. Tandis que les éléments à pied se replient directement au travers du champ de mines, les éléments lourds livrent combat pour atteindre le passage ouvert durant la nuit. Les canons de 75 de la Compagnie Simon sont traînés à bras, les pourvoyeurs portant les obus, les pièces se remettent en batterie à tour de rôle et tirent.
Le Colonel est triste. Il a laissé au flanc de l'Himeimat, quelques blessés. Ceux-ci rassemblé par l'Adjudant-chef Branier combattront jusqu'à l'épuisement de leurs munitions. Leur chef se fera sauter la poitrine avec une grenade pour ne pas être capturé. Le 2/13 progresse, le Capitaine Arnault en tête, en serre-file le colonel, le docteur Lepoivre et moi. L'ambiance est lourde, le colonel a perdu sa pèlerine. Deux stukas nous survolent, mitraillent, personne ne bronche. Mais le blindé léger qui sert d'observatoire à l'officier d'artillerie britannique, vient à nous.