NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE COLONEL PRINCE DIMITRI AMILAKVARI (1906-1942)
LE PRINCE DES LÉGIONNAIRES (suite)

Il a été envoyé par le Général Koenig à qui il était allé, de sa propre initiative, rendre compte. Il veut prendre à son bord le colonel pour le ramener. Amilakvari répond "ma place est à la Légion, au milieu de mes hommes" et le 105 ennemi qui avait cessé de tirer reprend. L'automitrailleuse est à peine partie qu'un obus explose au milieu de notre petit groupe. Amilakvari s'est retourné au bruit, un éclat l'a atteint à l'œil, il s'abat, porte ses mains à sa tête en râlant. Le docteur Lepoivre est blessé dans le dos, je suis couvert de sang, il est dix heures. Les chars allemands approchent, je tire les corps à l'abri d'un monticule et appelle à l'aide. Le char de l'Aspirant Touny vient à nous. Le colonel et le docteur sont hissés sur la plage arrière et je me retrouve seul dans la plaine où les obus ennemis saluent une dernière fois mon chef et ami.

"Je maudirai les Anglais si je ne termine pas la guerre sur un char" avait-il déclaré à ses chefs. Ceux-ci lui avaient promis de satisfaire son désir et la 13 méritait bien de devenir une unité blindée, "mais les promesses n'engagent que ceux à qui elles sont faites". Et c'est sur un char que le colonel revient mortellement blessé.

En ce soir de bataille, quatre légionnaires portent sur l'épaule le corps de leur chef, que le Général Koenig veut veiller dans sa tente. Dans le soleil rouge du couchant, les légionnaires d'escorte ont allumé des torches pour l'accompagner. On entend nos artilleurs tirer des salves à intervalles réguliers : c'est à la fois grandiose et infiniment triste.

Ainsi mourut le Lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari, prince géorgien, Compagnon de la Libération.

Jean-Michel LASAYGUES
Source texte : revue de la France Libre N° 279 - 3ème trimestre 1992

Le Colonel Prince Dimitri Amilakvari
Le Général De Gaulle remet une décoration au Colonel Amilakvari