LES FAITS D'ARMES DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
LA ROUTE DU ZIZ
Introduction (suite et fin)
Ces pistes d'un parcours difficile étaient en outre déteriorées par les intempéries hivernales et il ne pouvait être question d'y faire circuler des véhicules automobiles et des colonnes lourdes. La nécessité est donc apparue très rapidement après le début de la pacification du Maroc, de construire des routes modernes qui ont contribué d'abord à un déroulement plus facile des opérations de pacification. La pacification terminée, elles ont permis de rompre l'isolement des tribus auparavant insoumises en les faisant entrer dans les circuits d'échanges économiques du Maroc et de les faire bénéficier d'une assistance sanitaire dont elles avaient le plus grand besoin, les mettant ainsi à l'abri de catastrophes naturelles telles que disettes et épidémies auxquelles elles se trouvaient périodiquement confrontées.
L'illustration la plus significative de cette activité de la Légion au Maroc est la construction de la route reliant Midelt au cur du Moyen-Atlas, et par-delà Midelt, les villes de Meknès et de Fès à Ksar-es-Souk, sur le versant oriental du Haut-Atlas et au Tafilalet. Sur cette route qui traverse une région à la fois grandiose et sauvage a été percé le Tunnel de la Légion, également connu sous le nom de Foum-el-Zabel. Ce tunnel est probablement le plus célèbre de tous les ouvrages réalisés par la Légion au Maroc. Mais on oublie trop souvent qu'outre le tunnel, la Légion a réalisé l'ensemble de la route de Midelt à Ksar-es-Souk, route qui comprend des ouvrages d'art si important qu'un journaliste a pu écrire : "Ce fut là un travail de géants que n'osa réaliser aucun sultan du Maroc."
En parcourant cette route, on est frappé des énormes difficultés auxquelles s'est heurtée sa réalisation et l'on est amené à se dire qu'il a fallu que des considérations politiques et stratégiques d'une importance primordiale conduisent, malgré tous les obstacles, à prendre la décision de la construire. Il est donc nécessaire de replacer ces travaux dans le contexte historique et de rappeler en premier lieu quelles furent les conceptions stratégiques qui présidèrent la pacification du Maroc.