LES RÉCITS DES ANCIENS

LA GUERRE D'INDOCHINE

L'ATTAQUE DU POSTE DE BO-CUNG
Route coloniale N° 4 - Tonkin - 6 octobre 1950

IV / L'ATTAQUE DU POSTE

Depuis les premiers jours d'octobre les accrochages se succèdent. Nos patrouilles tombent à chaque sortie sur les Viêts. Notre connaissance des pistes à travers la jungle nous permet de glisser entre les mailles des troupes ennemies qui ne connaissent pas le terrain. Les 3, 4 et 5 octobre 1950, les postes du nord-ouest ont été attaqués. Nous les avons vus brûler dans le silence suivant les bruits de combat sans pouvoir faire quoique ce soit pour nos amis.
Le 6 octobre dans la journée, nous essayons de faire liaison avec le poste de Lung-Vaï qui a des blessés graves venant de P.K. 41 Ouest et Est (à cinq kilomètres). Il faut traverser une petite cuvette calcaire ou la contourner par l'est. Le Capitaine Mattei arrive avec deux sections de légion et une compagnie de sénégalais qui s'avéra excellente au feu. Nous tombons sur des Viêts en position défensive qui s'accrochent au terrain. Nous rentrons vers 17 heures avec des pertes sérieuses. La compagnie de sénégalais et les deux sections d'intervention de la 2ème compagnie rallient Na-Cham vers 18 heures.

Ma section monte au poste, le capitaine s'attarde un peu, "Faites bien attention ce soir ! Il y a cinq jours mauvais pour vous, les 4, 5, 6, 7 et 8 !" "Les ralliés des villages voisins nous ont annoncés trois jours dangereux les 5, 6 et 7" lui ai-je répondu, "C'est pour ce soir !". Le capitaine me serre la main un peu plus longtemps que de coutume. Je remonte au poste. Depuis deux jours la soupe a été avancée à 18 h 15, de façon à avoir dîné avant l'action. Les bombardements d'artillerie et de mortiers commencent de jour pour permettre de régler les tirs. De fait, les légionnaires ont terminé leur repas au moment où les cadres se mettent à table. Un caporal-chef ayant fait Phu-Tong-Hoa, et combattant éprouvé me dit "Ce soir j'ai peur !" Nous sortons de la réserve une dernière bouteille d'apéritif et sommes un peu en retard. Il est 18 h 45.

Un coup de canon éclate au milieu du poste, sur la tour de la 20 mm Flak. Brisant, cassant, c'est du 75 mm. Nous sortons en nous bousculant, regagnant les emplacements de combat. Dans le poste tout le monde court, chacun vers son poste, mécanisme cent fois répété au cours des exercices. Le tir ennemi s'intensifie. Deux pièces de 75 mm tirent de la rive sud-ouest du Song Ky-Cong au-delà du fleuve.

Suite

Les environs du poste de Bo-Cung
La 3ème Section de la 2ème Compagnie du 1/3ème R.E.I.
Le Lieutenant-colonel Jacquot commandant en second du 3ème R.E.I.
Le Lieutenant-colonel Jacquot commandant en second du 3ème R.E.I.