LES RÉCITS DES ANCIENS

LA GUERRE D'INDOCHINE

RELÈVE AU POSTE DE BANG-CAO

Novembre 1947. La compagnie relève une section de la coloniale en une heure, sans avoir eu le temps de discuter un peu avec les gars qui ont hâte de quitter le secteur. Cao-Bang semble leur manquer beaucoup.

Une section s'installe au poste de Bel-Air, à 5 kilomètres. Un autre dans le poste de Ngan-Son, à 7 kilomètres. Le Capitaine Antoine Mattéi s'installe à Bang-Cao avec une trentaine de gars et quels gars, comme Burgen, un allemand, ancien ordonnance de Rommel ; bref de drôles de lascars, d'excellents légionnaires. En inspectant le poste, notre capitaine affiche une très mauvaise humeur car les installations défensives qui nous sont laissées se révèlent très sommaires et inefficaces. Tous nous pressentons que nous n'allons pas tarder à en voir de belles : les Viêts ne vont pas tarder à venir tâter le terrain et nous soumettre à l'épreuve. Aussi, il nous faut parer au plus urgent en construisant quatre blockhaus et une barricade en bambous calcinés. Erigé sur un petit mamelon, le poste ressemble à une tranche de gruyère tant il y a de trous de mines qu'il nous faut combler avec nos "caisses de jungle".

Nous apprenons très vite que le terrain recèle des filons d'or mais, peine perdue : se constituer en douce un petit magot, reste du domaine des rêves pour chacun d'entre nous. Ce sont les chercheurs du village qui viennent vendre leur butin. Seul Fernando Fernandez, va trouver une pépite en lavant son linge dans le cours qui descend de la montagne. Il existe bien une mine d'or abandonnée mais à une quinzaine de kilomètres.

Février 1948. La première grande attaque viêt se déclenche en pleine nuit, vers une heure. L'alerte est aussitôt hurlée par une sentinelle : chacun est à son poste en moins d'une minute. La fusillade est partout très intense mais nous entendons les Viêts, très proches de nous aussi, Mattéi fait pointer le mortier de 81mm à zéro. Il est servi par Hamelin, moi-même et le pointeur "Fil de Fer" dit aussi "Trousselle", un ancien mataf. Les obus tombent à proximité de leur point de départ.

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