LES RÉCITS DES ANCIENS
LA GUERRE D'INDOCHINE
RELÈVE AU POSTE DE BANG-CAO (suite et fin)
Le combat dure à peu près deux heures suivi d'un calme complet qui est brièvement interrompu par la sonnerie d'une trompette viêt et par une voix sortie d'un vieux gramophone. Elle nous dit en français, "Tu ne vas plus revoir Paname…légionnaires, venez dans nos rangs, etc." Aussitôt la voix d'Adamkevich répond aux Viets "Va dire à ton oncle Ho-Chi-Minh qu'on l'emmerde !". Tout aussi brusquement, le combat reprend de plus belle mais les obus viennent à nous manquer aussi, Fil de Fer me crie, "Devos, va chercher des munitions !", ce que j'exécute immédiatement. En contournant une baraque, le Lieutenant de Dinechin me remonte le moral en disant, "Mon vieux Devos, on va se faire couper les couilles".
Au petit jour, l'attaque prend fin, devancée par les lueurs du feu que notre vieux cuistot a allumé imperturbablement pour faire le café. (Un vieux de la vieille, 20 ans de Légion sur presque tous les fronts de Narvik à Bir-Hakeim et bien d'autres). Il se fait engueuler par le capitaine "Espèce de con, éteins ! Eteins moi ça !". En effet, les Viets peuvent nous tirer comme des lapins. Nous constatons alors que, durant une partie de la nuit, Frédo a concentré les tirs de son FM sur une forme blanche qui se révèle être la chemise d'Hamelin séchant à l'extérieur du poste.
L'alerte passée, l'appel révèle deux blessés légers et un manquant, le Caporal-chef Bonneau qui se présente une demi heure après. Il déclare avoir quitté le poste dès le début de l'attaque avec l'intention de faire un prisonnier viêt. Nous ne pouvons que le croire mais bien difficilement.
Dans les jours qui ont suivi, le Capitaine Mattéi a tout mis en œuvre pour renforcer les défenses du poste, en construisant notamment le "nid d'aigle" qu'il nous faudra hélas abandonner quelques mois plus tard.
Légionnaire
Louis Devaux
Ancien de la 4ème Compagnie du 1er Bataillon du 3ème
R.E.I.