LES RÉCITS DES ANCIENS

DIVERS

LES ENTRETIENS DE LA F.S.A.L.E. (suite)

Le colonel, accompagné du commandant de compagnie, passait en revue tous ceux qui arrivaient, qui partaient, qui étaient promus, punis, etc. J'ai eu encore de la chance. J'ai eu affaire au Colonel Babonneau qui rentrait d'Indochine. Il m'a vu; je présentais bien. Il a demandé au capitaine si j'avais de bonnes notes. «Oui, il est sorti parmi les premiers.» A ce moment là, la Légion avait besoin de cadres. Il a dit : «Il n'y a qu'à l'envoyer au peloton de sous-officiers.» J'ai donc effectué un peloton de sous-officiers. A la fin, nommé sergent, je me suis porté volontaire pour le 2ème bataillon étranger de parachutistes qui était alors en formation à Sétif.

De Sétif, nous sommes partis en Indochine. Comme Madame de Sairigné vient de vous le dire, j'ai eu de la chance mais je dois ajouter que nous avons eu affaire à des officiers avec qui, tout en respectant une certaine rigueur et discipline - je peux dire qu'ils avaient quelque chose de paternel -, on se sentait en confiance. Personnellement, je me sentais très bien. Il y a ici des officiers généraux qui me connaissent. A plusieurs reprises, on m'a vraiment fait confiance. Je ne vous citerai que deux exemples.

Le premier s'est passé en Tunisie, en 1952. Il y avait eu des événements assez graves; un colonel avait été assassiné. Nous étions à Sétif, notre base de formation. Nous avons été dépêchés rapidement là-bas. Comme il n'y avait pas alors beaucoup d'officiers, je faisais fonction d'officier des transmissions. Un jour, j'ai accompagné à Tunis le chef de bataillon, qui allait voir le général pour prendre des ordres. Je devais avoir aussi des ordres pour les transmissions. A cette époque, en 1952, la France était rattachée à l'OTAN. Lorsque je me suis présenté au commandant chargé des transmissions, ce dernier a hésité et n'a pas voulu me donner le document secret qui s'appelait «Ordre de base de transmissions», dans lequel il y avait tous les indicatifs, etc., puisque la France faisait partie de l'OTAN. Je lui ai dit : «Mon commandant, il y a ici mon chef de corps, le chef de bataillon. Il va revenir et vous allez peut-être pouvoir le lui donner.» Au bout d'un moment, le commandant Brothier est revenu avec sa sacoche, dans laquelle il y avait tous les documents que le général venait de lui remettre. Il m'a dit : «Gusic, j'ai un camarade à voir ici. Garde moi ma sacoche.» L'autre officier a vu la confiance que l'on nous faisait et il a accepté de me donner le document.

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