LES RÉCITS DES ANCIENS

DIVERS

LES ENTRETIENS DE LA F.S.A.L.E. (suite et fin)

Une autre fois, c'était en Algérie, lors de l'une de nos opérations dans les Aurès; comme adjudant-chef, j'étais le troisième personnages de la compagnie, après le capitaine et le lieutenant en second. Nous nous sommes heurtés à une bande rebelle, la plus ancienne dans le djebel Chellia. C'étaient des irréductibles. Mon commandant de compagnie a été blessé. Aussitôt après, le lieutenant adjoint l'a été également. On m'a confié la compagnie. Je me suis senti fier d'avoir sous mes ordres cent soixante bonshommes. Ça tournait comme une montre, je n'avais aucun problème. Pendant quarante-huit heures, on m'a laissé commander la compagnie alors que l'on aurait pu très bien trouver rapidement un officier et l'amener par hélicoptère.

Ceci pour vous dire que je me sentais vraiment à l'aise. Cette confiance que le commandement nous manifestait à tous les échelons avait quelque chose d'exceptionnel pour nous.
J'ai quitté le régiment en 1962. Depuis trente-huit ans, nous sommes invités par les différents chefs de corps à rendre visite au régiment, à rencontrer les jeunes. Entre-temps, j'ai fait quinze ans d'activités comme officier de réserve. En sortant comme adjudant-chef et ayant un certain brevet, on m'a nommé sous-lieutenant. Je n'ai pour ainsi dire jamais quitté la Légion.

Madame Guillemette de SAIRIGNÉ : Pour conclure, il faut dire que vous avez eu une intégration parfaitement réussie puisque vous avez travaillé vingt-deux ans à Aéroport de Paris et que vous avez épousé une femme française.

Adjudant-Chef Salih GUSIC : Je me suis marié avec la sœur d'un sous-officier affecté chez nous comme ce que nous appelons «cadres blancs». Nous n'avions pas suffisamment de sous-officiers. Ce dernier venait du Maroc, du 10ème Bataillon de Chasseurs Parachutistes à Pied. J'ai fait la connaissance de sa sœur et je suis marié depuis quarante-cinq ans !