LES RÉCITS DES ANCIENS

DIVERS

LES ENTRETIENS DE LA F.S.A.L.E. (suite)

Nous avons été internés d'abord par l'armée anglaise dans des camps en Italie. A cette époque, il y avait un très grand nombre de prisonniers de guerre, de personnes déplacées, ceux que les Anglais appelaient displaced persons. Cette présence en Italie a duré environ deux ans. Au bout de deux ans, grâce à certaines lois de l'ONU, on a autorisé un certain nombre de chef d'entreprises, notamment des allemands, à venir parmi nous chercher des volontaires pour aller travailler à la reconstruction de l'Allemagne. Les Allemands avaient appelé cela Aufbau, reconstruction. Comme je parlais assez bien l'allemand, nous avons réussi à nous faufiler parmi les Allemands. Vous savez, la vie dans les camps n'était pas du tout intéressante !

Nous nous sommes rapidement rendu compte que, en étant ouvrier en Allemagne, on n'avait pas beaucoup d'avenir devant soi : on pouvait rester ouvrier, c'est tout. Ce camarade, plus âgé que moi, qui avait un peu voyagé, m'a dit : «Le mieux pour nous, ce serait d'aller en France. On va s'engager à la Légion.» Ce qui fut fait.

Nous sommes arrivés à Coblence. Là, on nous a proposé très gentiment : «Préférez-vous vous engager ou travailler dans le Nord de la France ?» Il s'agissait des mines notamment, comme auparavant, pour les Polonais. Nous avons préféré nous engager. Nous avons été rapidement dirigés sur Marseille et, de Marseille, à Sidi-Bel-Abbès. Là, on peut dire que j'ai eu la chance d'être affecté aux transmissions. En Yougoslavie, on apprenait le français au lycée comme première langue. J'arrivais donc à m'expliquer. Entre temps, j'avais réussi à me perfectionner.

Au bout d'un mois ou deux, j'ai été présenté au commandant de cette compagnie. Il m'a demandé ce que je voulais faire. Je lui ai répondu en français : «Je voudrais essayer un peloton d'élèves gradés.» Il m'a demandé : «Où as-tu appris le français ?» «Ici, à la Légion.» J'ai été aussitôt dirigé vers le peloton d'élèves caporaux. En sortant de ce peloton, comme il est de tradition à la Légion, nous avons tous été présentés à la revue de catégorie du corps. Tout le 1er R.E. était présent, avec la musique, et chacun montrait ce qu'il savait faire.

Suite

L'Adjudant-chef Salih Gusic en Indochine