LES RÉCITS DES ANCIENS

LA GUERRE D'ALGÉRIE

MAIS OÙ EST PASSÉ LE POSTE DE GARDE ?

Mascara, le 25 décembre 1951. Lieutenant célibataire rentrant d'un séjour de vingt six mois en Extrême Orient, affecté depuis novembre au centre d'instruction des engagés volontaires de la Légion Etrangère de Mascara, son compte était bon : "officier de permanence au quartier Soyer pour Noël".

L'officier de permanence (dit aussi officier de jour) occupait une petite pièce dans un pavillon situé en face du poste de police à droite, en rentrant au quartier. Il y restait vingt quatre heures d'affilée, les jours fériés, y couchant et y prenant ses repas. Par sa fenêtre, il pouvait surveiller le poste juste en face.

Aujourd'hui, jour de fête, les hommes de garde ont revêtu la tenue de parade : ceinture bleue sous le ceinturon, épaulettes vertes à franges rouges, les cuirs sont parfaitement astiqués.

Seize heures, le suspense du roman policier que lit le lieutenant dans sa chambre n'arrive pas à le tenir éveillé. Il s'endort assis. La nuit de Noël a été bien arrosée et peu de sommeil a précédé le prise de service à huit heures du matin … "Aux armes !" …Ce cri frappe son subconscient qui réagit lentement. Il jette un regard vers le poste de police : un légionnaire en descend les marches tout en mettant baïonnette au canon, courant vers la grille et la rue.

Le lieutenant se précipite vers le poste de police qu'il trouve vide. Dans la rue qui longe le quartier, il n'y a pas l'ombre d'un homme de garde : la sentinelle sous les armes a même quitté sa guérite. Heureusement, un sous officier passe par là, le lieutenant lui donne l'ordre de fermer la grille et de rester sur place jusqu'à son retour puis part à la recherche de la garde. "Mais où sont-ils passés, à gauche ? à droite ?"

Un passant obligeant lui donne la direction, … sprint…, puis, à cent mètres, encore un carrefour. Là aussi : "Pardon Monsieur, avez-vous vu des légionnaires ?" … "Bien sur, ils sont partis par là".

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Poste de police du quartier de Mascara