LES RÉCITS DES ANCIENS

LA GUERRE D'ALGÉRIE

MAIS OÙ EST PASSÉ LE POSTE DE GARDE ? (suite et fin)

De nouveau un cent mètres, les coudes au corps … pour trouver le poste de police au complet, avec le caporal chef qui le commande, un caporal et un clairon, au bord de la rue, rassemblés en colonne par le chef de bataillon commandant le centre d'instruction qui demande au lieutenant "Que faites-vous donc ?" … "Je viens chercher le poste de police" … "Nous en reparlerons demain !" … "A vos ordres, mon commandant !". Le poste regagne le quartier au pas cadencé.

Cet après midi-là, jour de Noël, un match de football avait opposé une équipe musulmane à une équipe européenne. La première avait gagné, ses joueurs étaient rentrés en ville un peu excités et chahutant. Dans la rue longeant le quartier, ils avaient apostrophé et, peut-être un peu bousculé un vieux médaillé militaire qui, s'affolant avait crié : "A la garde !". La sentinelle sous les armes avait alors hurlé "Aux armes !", qui fut répété par le chef de poste, jeune et impétueux, avant d'entraîner son groupe pour répondre à l'appel fait à la force publique.

Il parait que ce fut une charge magnifique, ces légionnaires en grande tenue se ruant à travers la rue, l'arme à la main, les épaulettes battant au rythme de la course mais les chahuteurs ne les attendirent pas, bien sur, et s'enfuirent poursuivis par le poste qui stoppa net, en rencontrant le chef de bataillon passant là par hasard.

Le lendemain : explication des gravures : le caporal-chef aurait dû envoyer son adjoint avec la moitié des hommes, moins un, comme prévoit le règlement. Une punition sévère le lui aurait rappelé et ses galons ont eu chaud mais son dynamisme les lui a sauvé.

Récit du Colonel Pierre JALUZOT
Retrouvé dans les archives de l'Amicale