L'HISTOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE

1914-1918

Témoignage du Sergent Henri MALADRY sur l’attaque de Belloy-en-Santerre

«Ce jour là, trois mille cœurs, trois mille cerveaux ne faisaient qu’un cœur, une volonté !
Il fallait prendre Belloy. Nous étions désignés et nous savions l’importance de l’opération. L’élan fut irrésistible… Les survivants de ce combat ne l’oublieront de leur vie !
A Belloy, nous avons vu des non-combattants se battre… presque… oui, mon brave Père Gas, vous étiez électrisé vous aussi.
A Belloy, nous avons Nazare. Il fut trois fois grand, admirable et sublime : une fois pour ses hommes, une fois pour l’adversaire, une fois pour lui.
A Belloy, nous avons vu Mader, l’as de la Légion ! Combien mesurais-tu de mètres ce jour là ? Vieux ! Je ne t’ai jamais vu si grand. Il avait encore ses deux bras à Belloy. Ils lui en ont pris un, plus tard à Ambleny, en juin 1918, pour se venger peut-être ?
A Belloy, nous avons vu le Caporal Gutmann, revenir en ligne après s’être tant bien que mal pansé le mollet atteint par une balle, hurler à la face de son sergent : "On ne recule pas, nom de Dieu… sur un simple ordre d’oblique à gauche !..."
A Belloy, nous avons vu Imhof, mourrant, demander : "Alors sergent ?... On a pris Belloy ?..." "Oui, mon petit… ne t’énerve pas… les brancardiers viennent…" "Belloy… est… pris… Adieu…"
A Belloy est resté Alan Seeger.
A Belloy nous avons vu nos morts… beaucoup… tous leurs visages étaient empreint de sérénité !
Et vous tous les survivants, vous n’avez ni Légion d’Honneur, ni Médaille Militaire, mais vous avez fait l’admiration du monde, y compris celle des Allemands, ils me l’ont dit.
"Vous êtes la Légion… et ça suffit !"
»
Citation du Père Gas
Le Lieutenant Nazare-Aga