NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE LÉGIONNAIRE ALAN SEEGER
POÈTE AMÉRICAIN

Les volontaires américains morts pour la France
Extrait du journal "L'Illustration" N° 3856 daté du 27 janvier 1917 (suite et fin)

Dès la fin d'août 1914, il s'était engagé dans la Légion Étrangère avec une cinquantaine de ses compatriotes. L'instruction militaire du bataillon fut faite à Toulouse en six semaines. A la fin d'octobre, Alan Seeger et ses camarades gardaient des tranchées au Sud de Reims. En 1915, la Légion s'en fut de secteur en secteur et le poète se félicitait de sa nouvelle existence dans les lettres qu'il écrivait à sa famille. Apres l'offensive de Champagne, le bruit de sa mort courut aux États-Unis. Il démentit lui-même la nouvelle et joyeusement. Une bronchite le conduisit, dans l'hiver, à l'hôpital et nécessita un congé de convalescence après lequel il retourna au front, pour prendre part à l'offensive de la Somme où il trouva la mort qu'il ne redoutait pas.

Dans l'un de ses poèmes, Champagne 1914-1915, que M. André Rivoire a traduit avec une piété harmonieuse, il avait demandé à ceux qui riront demain dans les fêtes heureuses de boire le vin d'or en pensant à ceux qui sont tombés.

Tous, par milliers, d'un cœur volontaire et tenace, Sont tombés bravement pour que ceux qui viendront, Libres de toute honte et de toute menace, Puissent vivre leur vie et porter haut leur iront.

Dans un autre, une Ode en souvenir des Américains qui devait être lue au «Décoration Day» de 1916, devant les statues de Washington et de La Fayette, à Paris, il avait écrit: «Une heure glorieuse vaut une éternité obscure.»

Les deux poèmes récités par M. Silvain, doyen de la Comédie-Française, et par Mme Weber furent applaudis longuement et avec une émotion intense. Un incident très touchant se produisit en outre au foyer des artistes. Lorsque les compagnons d'armes du poète vinrent remercier Mme Weber qui s'était drapée dans les plis d'un drapeau américain, tous s'inclinèrent et portèrent pieusement à leurs lèvres l'étoffe du drapeau étoile, symbole de leur Patrie.
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