NOS ILLUSTRES ANCIENS

30 AVRIL 1975 - SAÏGON
EXTRAIT DE CHANT FUNÈBRE POUR PNOM-PENH ET SAÎGON

On était le 30 avril 1975. A Tan-Son-Nhut, au camp des paras, ce qui restait d'une brigade et des isolés étaient commandés par des officiers qui avaient servi dans les B.E.P., les Bataillons Étrangers Parachutistes, du temps des français.

- "Quand on est soldat, ont-ils dit, on est fait pour obéir et on est fait pour mourir quand il n'y a plus que cela à faire…"
Le propos a été réellement tenu. Cela ne peut pas s'inventer. Cela a été entendu par un soldat français qui le rapporte. Et l'un d'eux ajouta :
- "Aujourd'hui c'est Camerone. Alors on fera Camerone !"
- "On fera Camerone", dirent quelques uns.

Et ils l'ont fait. Une quinzaine de jours plus tard, des bulldozers raclèrent ce qui restait des cadavres ; il y en avait des centaines ; on les mis en tas ; on les arrosa d'essence ; on les brûla ; la fumée s'éleva longuement dans le ciel chargé de la mousson proche ; ils n'ont pas reçu les honneurs funèbres ; ils n'auront pas de tombeaux comme les nôtres, au vieux cimetière tout proche où parfois une fille vietnamienne vient déposer une fleur en se promenant parmi les stèles, disant : "Nous sommes entre amis.". Le vent emporta leurs cendres : leur esprit est dans l'air du Viêt-Nâm ; il y demeurera suspendu ; il entretiendra ce parfum d'honneur et de liberté qui, lui, ne saura mourir et qui rejaillira parmi les jeunes aujourd'hui courbé sous le joug dans un esclavage sans merci. Ils ont fait Camerone à la française.

Général Paul Vanuxem

Légionnaires européens et viêtnamiens ensemble en 1954
Chars nord viêtnamiens entrant à Saïgon
Parachutiste viêtnamien
Évacuation de l'ambassade des États-Unis