NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE GÉNÉRAL ROLLET
UN HOMME DE COEUR, DE CARACTÈRE ET D'IDÉAL

10 - La Légion avant tout

Puisqu'il n'a pu agir sur le fond, du moins le chef de corps du 3ème Etranger va-t-il s'acharner à soigner la forme. Il est partout, visitant chaque bataillon, chaque compagnie, chaque poste, reconnaissant ses anciens, jaugeant d'un regard les nouveaux visages, sanctionnant les erreurs, récompensant les meilleurs, soutenant avec l'intendance une guérilla permanente pour l'équipement de ses unités. Il joue de son autorité qui est incontestée, de sa légende qui excite les jalousies mais que l'on n'ose battre en brèche et s'il le faut de son charme et de son esprit persuasif. Il sait même utiliser les moments de détente à travailler encore pour son régiment et ses légionnaires.

En janvier 1923, pendant quatre mois de permission à Paris, ce qui paraît bien être la plus longue période de récupération qu'il se soit offert de toute sa vie active, il se sert de toutes les ouvertures mondaines que suscite sa célébrité pour commencer à réaliser tout ce qu'il a projeté pour la Légion. Théâtres, cinémas, concerts, restaurants à la mode reçoivent sa visite, à cadence accélérée comme toujours. Il noue des connaissances utiles, retrouve nombre de ses anciens, reconvertis ou gravitant dans les administrations de haut niveau. C'est alors qu'il lance l'idée d'un historique du R.M.L.E. qui est réalisé avec la collaboration des anciens du régiment. Aujourd'hui encore, cet ouvrage représente un document précieux et rare. Quelques années plus tard, encouragé par ce premier résultat, il pense à un autre livre qui ferait un succès d'édition et rendrait hommage à toute la Légion et à ses morts. Dès lors, il aiguillonne les collaborateurs qu'il a choisis, insensible à toutes les manœuvres. Il veut un livre d'or pour le centenaire de la Légion. Il réussira. En 1934, l'Académie française décernera le prix Gobert à cet ouvrage enfin paru et qui ne cessera d'être réédité jusqu'à nos jours sous des formes nouvelles.

Il utilise toute les bonnes volontés pour promouvoir des associations d'anciens légionnaires, car il est particulièrement préoccupé par l'aide nécessaire à leur intégration difficile. Désormais et jusqu'à sa mort, l'organisation de ces associations restera un de ses soucis majeurs, malgré les difficultés de trésorerie, les rivalités dérisoires, l'incapacité des responsables ou leur ambition. Enfin, ses sorties en ville qui ne passent pas inaperçues ne manquent pas de rappeler en haut lieu que le commandant du 3ème Etranger est toujours Rollet, avec ses idées arrêtées sur les moyens de progresser au Maroc et surtout sur la méthode à appliquer pour reforger l'outil légionnaire. En somme, pourquoi ne pas laisser appliquer son plan de reprise en main, non au bénéfice du seul Maroc, mais à l'échelle de la Légion entière ? Il faudra encore deux ans avant que la chose se fasse : le 16 mars 1925, le Lieutenant-colonel Rollet malgré le déchirement des adieux à son cher drapeau quitte le 3ème et le Maroc pour le commandement du 1er Régiment Etranger à Sidi-Bel-Abbès.

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Le Livre d'Or de la Légion Étrangère, édition du centenaire
Carte postale de Sidi-Bel-Abbès représantant le Général Rollet
Le Livre d'Or de la Légion Étrangère, édition du cent-cinquantenaire