NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE CAPORAL RAPHAËL PRADO
SOUS LE FANION VERT ET ROUGE DE LA LÉGION

Mardi 11 juin 2002, le caporal Raphaël Prado, âgé de 86 ans, matricule 6.691, officier de la Légion d'honneur et titulaire de la Médaille militaire, amputé du bras droit et de l'œil gauche, a pris le train, de bonne heure, à Chamalières (Puy de Dôme) où il s'est installé après la seconde guerre mondiale, pour se rendre à Paris ; il y est venu célébrer le soixantième anniversaire de la bataille de Bir-Hakeim, en Libye, à laquelle il a participé avec la 13ème D.B.L.E.

A l'issue de la prise d'armes dans la cour d'honneur des Invalides, ému et fier, Raphaël Prado s'est rendu sur le pont de Bir-Hakeim, au pied du monument érigé à la mémoire des Forces Françaises Libres. Il y a déposé avec ferveur la gerbe de la F.S.A.L.E., au cours d'une courte mais émouvante cérémonie, sous les plis des drapeaux de l'A.A.L.E.P., et de la F.S.A.L.E. devant les anciens de la Légion Etrangère de Paris, alignés au garde à vous puis, tranquillement, est reparti prendre son train, satisfait du devoir accompli. Le temps a manqué pour qu'il puisse évoquer ses souvenirs ne laissant que la possibilité de soulever un coin du voile.

Né en Espagne, Raphaël Prado se bat dès l'âge de vingt ans dans les rangs de l'Armée républicaine espagnole où il s'est engagé en 1936. Réfugié en France avec son régiment en février 1939, il s'engage dans la Légion Étrangère pour la durée de la guerre ; affecté le 6 mars 1940 au 22ème Régiment de marche de volontaires étrangers (R.M.V.E.), il embarque un mois après pour la Syrie, rejoindre le 6ème Régiment Étranger d'Infanterie où il est envoyé. Après l'armistice franco-allemand, les troupes britanniques du Levant et les Forces Françaises Libres pénètrent dans les pays sous mandat français, en Syrie et au Liban, restés sous administration du gouvernement de la France occupée. Fait prisonnier, Raphaël Prado rejoint les rangs de la 13ème DBLE, à la 7ème compagnie du 2ème bataillon participant désormais à son épopée victorieuse. Du 27 mai au 10 juin 1942, c'est la bataille de Bir-Hakeim en Libye au cours de laquelle les Forces Françaises Libres arrêtent l'avance de l'armée de Rommel avant de se désengager pour rejoindre les troupes britanniques en Egypte. Il est blessé aux combats d'El-Himeinat en Egypte, durant la bataille d'El-Alamein les 23 et 24 octobre 1942 ; son chef de corps, le Lieutenant-colonel Amilakvari succombe de ses blessures.

La longue course victorieuse se poursuit d'Egypte en Libye et en Tunisie, au débarquements d'Italie puis de Provence, à la libération du sud et de l'est de la France, en menant des combats souvent très meurtriers. Mais la route de Raphaël Prado s'arrête brutalement en Haute-Saône, le 28 octobre 1944, le corps labouré par les éclats d'une grenade, il doit subir les amputations d'un bras et de l'œil gauche.

Caporal, il a reçu la croix de guerre 39-45 et a été cité deux fois dont une à l'ordre de l'armée. Installé dans le Puy-de-Dôme où il a fondé une famille, fidèle à la Légion Étrangère, il est membre de l'Amicale des Anciens de ce département.