NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE LÉGIONNAIRE ZINOVI PECHKOFF
GÉNÉRAL DE CORPS D'ARMÉE, AMBASSADEUR DE FRANCE

17 - Annexe 1 : Hommage à un ancien
Képi Blanc N° 238 de février 1977

A Paris, un grand Ancien vient de disparaître. Le Général Pechkoff avait été des nôtres, et l'était toujours resté par le cœur. Pour nous en tenir à l'aspect anecdotique de sa vie militaire, beaucoup se souviennent de son passage, en particulier comme commandant d'un bataillon du 2ème Etranger.

Il avait une façon, personnelle, d'affirmer sa présence, d'exercer son autorité qui, malgré son extrême discrétion, ne permettait pas de se dérober à l'influence, au rayonnement de ce chef si mince et si alerte. Les cadres et les légionnaires aimaient dire de lui qu'il était racé. Ils étaient aussi satisfaits que leur patron ait un passé dont ils ne connaissaient que ce qui était transmis de popote en popote, de giberne en giberne. Mais la légende de Pechkoff (cette légende sans laquelle le légionnaire se sent privé de quelque chose…) était très originale. Elle sortait des sentiers battus. Quelle magnifique aubaine pour les légionnaires qui pouvaient broder, ajouter aux faits et qui se complaisaient à aggraver un mystère suffisamment conséquent.

Légèrement déséquilibré par la perte d'un bras sur le champ de bataille - il portait allègrement sa manche de vareuse flottant au vent, ce qui ne faisait qu'accroître son crédit, qu'auréoler son personnage et son allure - il était infatigable et cette disponibilité entière, permanente, imprègne le livre qu'il a écrit simplement : "La Légion Etrangère au Maroc". Une sorte d'exposé, au coin du feu, d'un patron confessant ses états d'âme, face aux servitudes quotidiennes, et que la seconde édition de notre "Livre d'Or" présente comme un ouvrage remarquable.

Pechkoff s'éloigne vers la terre du repos éternel de ce même pas léger, affirmé, régulier avec lequel, les jours d'étape, il partait en tête de son bataillon, suivi de son ordonnance et de son cheval, ne se retournant plus, laissant derrière lui ses capitaines mener un bataillon qu'il avait bien préparé, et en les entraînant sans douter que tout serait fait parfaitement : du moment qu'il avait donné avec sa canne de chef de bataillon le signal du départ, qu'il était sur de ses hommes et de leur solidité, de ses cadres et de leur maîtrise, il n'était plus attiré que par l'horizon, par l'heure suivante, par le danger peut-être.
Il n'était pas de ceux qui poussent mais de ceux qui entraînent…

L.G.

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