NOS ILLUSTRES ANCIENS
LE
LÉGIONNAIRE ZINOVI PECHKOFF
GÉNÉRAL DE CORPS D'ARMÉE, AMBASSADEUR DE FRANCE
16
- Annexe 1 : témoignage d'un journaliste anglais
Le
Commandant Pechkoff vers 1935
"…
Je ne pense pas qu'il y ait au monde beaucoup de chefs de bataillon possédant
une aussi vaste connaissance de la nature humaine, que le commandant Pechkoff
que j'ai rencontré dans le Haut-Atlas.
Fils de l'écrivain Maxime Gorki, il était officier de l'ancienne
armée impériale russe (1). Il a voyagé
par toute la terre et parle une demi-douzaine de langues avec la même
facilité. Ayant perdu le bras gauche (2) au cours
de la Grande Guerre, il a réussi, grâce à son énergie,
à remédier à cette infériorité même
dans les conditions les plus ardues du service en campagne. S'habiller recroquevillé
sous une tente aussi basse que la tente-abri est chose assez difficile pour
un homme disposant de tous ses membres, mais le commandant Pechkoff, avec
son unique bras droit (2), était l'un des officier
les plus élégants que j'aie rencontrés dans les camps.
Le voir monter sur son cheval fait comprendre les difficultés que doit vaincre un manchot. Il prend les rênes entre ses dents, met le pied à l'étrier et, saisissant l'arçon de la main droite (2), se hisse en selle en sautillant sur sa jambe droite pour répondre à tous les mouvements de sa monture.
Même dans la Légion, les officiers qui ont étudié de si près les traits caractéristiques de leurs hommes, sont extrêmement rares. La connaissance des langues étrangères qui distingue le commandant Pechkoff le tient au courant de bien des choses qu'un officier français ne comprendrait pas. La nuit, dans les camps, séparé de ses hommes par une simple toile de tente, il entend souvent ses légionnaires discutant la question qui les préoccupe constamment : que feraient-ils si leur patrie était en guerre avec la France ?
________________________________________________________
(1)
Le Général Pechkoff n'a vraisemblablement pas servi dans l'Armée
impériale russe. Nous n'en avons pas trouvé trace dans les documents
consultés à l'exception d'un seul, dans son dossier de pension
mais le rédacteur, un administratif, ne fait qu'une allusion sans aucun
fondement de vérité. Il est certain que la rumeur a dû
longtemps perdurer au sein des unités de Légion tant était
grand le prestige de ce légionnaire devenu officier supérieur
sans avoir suivi un seul jour de formation hormis trois mois d'engagé
volontaire, avant de partir au front, en Champagne; c'était même
inconcevable autrement. Nous avons là une part de "sa légende",
propre à tout bon légionnaire. (Voir “Hommage à
un ancien qui suit”).
(2) Erreur de l'auteur, le général Pechkoff était amputé du bras droit.