NOS ILLUSTRES ANCIENS

LÉGIONNAIRE HERNAN DE BENGOECHEA
POÈTE

Né à Paris, le 3 mai 1889, d'une ancienne famille originaire de Biscaye qui compte parmi ses ancêtres des hommes d'actions, des savants et des artistes, Hernan des Bengoechea fit ses études en France et en Colombie, frère du poète de "l'Orgueilleuse Lyre", Alfred de Bengoechea, il se fit lui-même remarquer très tôt par ses vers d'une captivante musicalité. Il y a, dans ses meilleurs poèmes, un afflux de sensations à la fois visuelles, tactiles et olfactives, qui devait faire de lui un des poètes significatifs de la jeune générations. Je dirais, presque, un des écrivains, si la mort n'avait pas fauché si tôt cet artiste qui ne voulut être qu'un "Citoyen de Paris", car sa prose reste d'une admirable cadence dont la finesse juvénile et tendre émeut jusqu'aux larmes. Cet adolescent avait un cœur d'homme derrière ses sens artistes ; sous la fièvre de son esprit que sollicitèrent toutes les tentatives de beauté qui marquait l'art d'avant-guerre : la danse d'Isadora Duncan, les ballets russes, la musique de Stravinsky, il y avait quelque volonté mâle, énergique. D'ailleurs son sens de l'ordre et de la mesure lui permettait de discipliner ses enthousiasmes, et la musique, avec son indicible nostalgie, lui ouvrait sans cesse les horizons du rêve et de l'idéal.

Il s'engageait, dès les premiers jours de la guerre, au 1er Régiment Étranger, demandait le poste d'aide chargeur aux mitrailleuses, et tombait sous Arras (au cours de l'offensive d'Artois en mai 1915 - NDLR), avec l'émouvante, glorieuse et lapidaire citation qui suit :

"Tous les gradés et la plupart des servants de sa section de mitrailleuses étant tombés pendant la marche en avant, a continué à porter sa pièce à travers un terrain violemment battu par les feux d'infanterie et d'artillerie et a été mortellement blessé en mettant en batterie."

Le 23 mai 1922, la Médaille Militaire a été attribuée à sa mémoire avec cette nouvelle citation :

"Brave légionnaire. Belle attitude au feu. Est tombé glorieusement pour la France, le 9 mai 1915, au cours de l'attaque des Ouvrages Blancs. Croix de Guerre avec étoile d'argent."

A. Schneeberger
(Extrait de "L'Anthologie des Écrivains Morts à la Guerre" publiée par l'Association des Écrivains Combattants - Bibliothèque du Hérisson - Édition Mailfère Amiens 1924 à 1926) Document fourni par M. Jacques Fouré-Larrivière

Bibliographie