LES FAITS D'ARMES DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE

LE COMBAT DE NA-SAN
Tonkin - novembre - décembre 1952

Récit du Général Raoul Salan (suite)

Ce sont les P.A. 21 et 21 bis, et surtout le P.A. 26 tenu par le 3/3ème R.E.I. qui supportent l'assaut continu. Puis tout bruit cesse. Nous nous regardons, étourdis par l'intensité de ce vacarme indescriptible. Le matin même du 2 décembre, le Lieutenant Gauchetier, de l'armée de l'air, arrive de Na-San. Il a pu, au cours de cette nuit extraordinaire, enregistrer sur bande magnétique les péripéties du combat et nous les fait entendre. Puis il nous situe les pertes. Grâce à notre fortification de campagne, nous n'avons qu'une trentaine de tués et de blessés. Cinq cent quarante cadavres ennemis ont été décomptés devant les barbelés qui n'ont pas été détruits. Cinquante-quatre fusils-mitrailleurs, soixante-dix pistolets-mitrailleurs, deux mitrailleuses ont été récupérés, les deux tiers de ce bilan devant le seul P.A. 21 bis tenu par la 10ème Compagnie du 3/5ème R.E.I. Une rangée de douze F.M. a été littéralement hachée par le tir de flanquement d'une mitrailleuse lourde de cette unité…

Giap tenait à tout prix à nous détruire et à avoir sa victoire à Na-San. Il ne l'a pas eue… Nous sentons l'étau se desserrer.

…sans [l'aviation], Na-San n'était pas possible et je perdais la bataille du Nord-Ouest. J'ajoute que la flotte civile nous a apporté le concours de tous ses appareils. Au total, entre le 16 octobre et le 30 novembre, la piste de Na-San a reçu : 702 dakotas civils, 655 dakotas militaires et 116 Bristol cargos. Les aérotransports ont ainsi posé à Na-San quinze mille passagers dont onze bataillons, six batteries, tout un matériel opérationnel, deux mille cinq cents tonnes de fret divers et embarqué, en retour, les évacués sanitaires et les civils. Soit un traffic de vingt mille personnes, trois mille tonnes de fret et cent vingt cinq véhicules, en huit cent dix-huit missions civiles et six cent cinquante-cinq missions militaires. Le pont aérien a fonctionné presque tous les jours, pendant six heures durant à la cadence d'un avion toutes les dix minutes, permettant ainsi d'assurer la vie de Na-San.

Les missions de feux ont atteint une moyenne de quatre vingt-dix sorties par jours, et même de nuit pour les 30 novembre et 1er décembre, sans compter les éclairages presque chaque nuit… En parlant d'elles, les légionnaires et les "paras" disent : "Chapeau !". Il n'y a pas, à l'heure actuelle, de plus solennelle consécration dans le vocabulaire du corps expéditionnaire. Dans la bouche d'un capitaine d'infanterie, ce mot là équivaut à une citation à l'ordre de l'armée décernée à un caporal.

Suite

La bataille de Na-San dans Paris-Match
Evacuation sanitaire sur le camp retranché de Na-San
Un point d'appui à Na-San
Travaux sur un point d'appui de Na-San