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La Poésie à la Légion Étrangère

 

Sans titre

Le 30 avril 1928, le légionnaire Edgard Dujardin de la 3ème Compagnie d'Instruction, écrit à Saïda une longue et pathétique fresque lyrique sur le sacrifice des héros de Camerone. Il la dédie au Colonel Rollet en qui, “pour nous tous légionnaires, s'incarne l'esprit héroïque et se perpétuent les traditions glorieuses de la vieille Légion”. Il termine ainsi, par ces deniers vers :

Bientôt, sous les assauts toujours renouvelés
Qu'aident sournoisement la flamme et la fumée,
Les légionnaires vont se trouver accablés.
C'est le dernier élan, la suprême ruée
Et la brèche, la brèche héroïque est forcée.
Au milieu des clameurs, des plaintes des mourants,
Le carnage est affreux : on s'acharne, on s'obstine.
Aussitôt entourés, les derniers survivants
Offrent stoïquement, pour mourir, leur poitrine.
Mais, d'un geste impérieux, l'officier mexicain,
Relève soudain les trop promptes baïonnettes.
Alors, l'un des vaillants lui dit, d'une voix nette :
"Nous ne nous rendrons pas, si vous ne nous laissez
Nos armes, colonel, et si vous ne soignez
Le lieutenant blessé que voici.
" L'officier
Mexicain qu'émeut tant de touchante noblesse
Tant de fidélité, de dévouement, acquiesce :
On ne désarme pas ces braves non vaincus
Et les honneurs leur sont spontanément rendus.

Ô légionnaire, en ce jour qui magnifie,
Ceux qui pour un serment surent donner leur vie,
Jurons nous d'imiter ces glorieux devanciers,
Et que, comme eux, au sein de combats meurtriers,
Quel que soit le hasard de notre destinée,
Nous tiendrons, nous aussi, la parole donnée.

Légionnaire Edgard Dujardin
Extrait de son poème intégralement publié dans
“Légion notre mère, anthologie de la poésie légionnaire 1885-2000” Editions Italique