LES RÉCITS DES ANCIENS
LA GUERRE D'INDOCHINE
UN PEU DE RABIOT DE POISSON (suite et fin)
“Arrête !” me souffle le sergent, ce que je fis. J'le regarde et il m'envoie un coup de poing puis deux ; moi, je n'ose frapper. Enfin, il me donne un coup dans les parties qui ne fait que m'érafler. J'me plie en deux, faisant croire qu'il m'a touché puis, me redressant, j'lui mets un direct sous le menton.
Il me tend la main et me dit : “T'es un bon légionnaire”. Il fait demi tour et demande aux gars ce qu'il s'était passé. Bien entendu, les gars disent au sergent que c'est l'Italien qui a commencé si bien qu'il chope quelques jours de tôle.
Le soir, seul dans notre marabout, je vois arriver mon sergent avec deux bidons de pinard. Moi qui ne bois pas, j'en prends une “quitte”.
Par la suite, j'apprendrai qu'il est allemand, “un vieux” de la Légion. Quand il est de garde à la caserne et me voit sortir avec les copains, deux ou trois fois, il me met une pièce dans les mains pour boire un coup à ma santé.
Il partira en Indochine en même temps que moi. Hélas, il se fera tuer dans la région de Hué. Ce jour-là, j'ai perdu encore une fois un ami. L'emmerdeur de Kamésis, quant à lui, est venu s'excuser à sa sortie de prison et l'on est devenu amis.
Légionnaire
Louis Devaux
Ancien de la 4ème Compagnie du 1er Bataillon du 3ème
REI