LES RÉCITS DES ANCIENS
LA GUERRE D'INDOCHINE
INDOCHINE
1947
SOUVENT DANS L'EAU JUSQU'AU COU SINON PLUS (suite et fin)
Arrivé sur l'autre rive, le vieux paysan explique à notre rescapé comment traverser avec un buffle. C'est très simple, mais il fallait y penser : s'accrocher à la queue de l'animal et le laisser faire.
Après bien des péripéties, la patrouille finit par traverser et reprendre sa marche mais avant de quitter son sauveteur, notre légionnaire donna au vieux tout ce qu'il avait c'est-à-dire peu de chose, se jurant que l'on ne l'y reprendrait plus ! Hélas…il n'en avait pas terminé pour autant avec l'eau.
Toujours dans
le même secteur, en baie d'Along, à Haïduong, le
14 juillet 1947, jour de la fête nationale, la section du lieutenant
Mattéi de la 4ème compagnie du 1er bataillon du 3ème
REI se prépare pour la prise d'armes et le défilé
traditionnels ; tenue de parade, "tirés à quatre
épingles", képi blanc, épaulettes,
ceinture bleue, guêtres blanches, nickel quoi ! Comme toujours.
Fin prête, avant tout le monde, comme d'habitude à la
Légion, la section doit attendre encore une bonne heure avant
de rejoindre le lieu de la cérémonie situé dans
un cantonnement de la Coloniale, avec un détachement de fusiliers
marins.
L'un de mes camarades, Fredo Fernandez suggère d'aller rapidement
au foyer de la Coloniale prendre une bière, suggestion immédiatement
adoptée. Chemin faisant, nous devons longer un bras du fleuve
; voyant une grosse branche d'arbres qui semble bien solide, à
deux mètres du bord, nous nous lançons un pari : celui
qui arrivera à sauter sur cette branche boira "gratis".
Qui fit ce pari ? Suivez mon regard. Comme de coutume, "notre légionnaire volontaire" qui, sans plus réfléchir, exécute un saut magnifique mais, hélas, la branche casse net. Il se retrouve, en tenue de parade, trempant dans l'eau boueuse tandis que ses copains font le nécessaire pour le sortir du bourbier en se marrant mais plus question de prise d'armes ni de défilé.
L'histoire eut une fin heureuse. Grâce aux gradés de la section qui plaidèrent pour leur camarade embourbé, le Lieutenant Mattéi, fidèle à sa légendaire réputation, "passa l'éponge" pour ne pas punir.
Légionnaire
Louis Devaux
Ancien de la 4ème compagnie du 1er Bataillon du 3ème
R.E.I.