LES RÉCITS DES ANCIENS

LA GUERRE D'INDOCHINE

CORRESPONDANCE DU LIEUTENANT TOURRET

LETTRES D'INDOCHINE
au Peloton de Jeeps Blindées du 9ème Escadron du 1er R.E.C. (2ème Partie)

Vientiane, 20 mai 1953

Un mot en vitesse torchonné sur la même lettre (j'ai loupé l'envoi de cette lettre à Thakhet, mais le courrier y est paraît-il fantaisiste et vous n'aurez rien perdu).

Le 11 au soir, accrochage de nuit avec une section viêt sur le bord du Mékong, où le peloton s'est bien comporté ; j'ai été éraflé (une bricole) par un éclat de grenade au-dessus du poignet gauche, qui va me coûter un bracelet-montre neuf et peut-être une citation. Je dis "peut-être" car je viens d'arriver en Indo, et c'est un peu trop tôt, paraît-il, a soupiré le commandant local, qui m'a juré "qu'il ferait l'impossible" : plus prosaïquement, où se termine le "possible" d'un chef de bataillon tropical ? D'un autre côté, comme le coin est en général archi-calme, un accrochage réussi - dix types au tapis dont deux blessés, sept armes récupérées et des documents très importants - attire l'attention ! On verra bien, mais je n'y crois pas trop.

Le 12 à Paksane pour moi (récupéré par une vedette de la Marine pour amener au plus vite les documents pris aux Viêts) ; le 14 au soir à Vientiane. Depuis, pas un instant de répit, à se demander ce que les gens faisaient sur place avant l'arrivée de leur sauveur... Patrouilles, escortes, transport de matériel, propagande, entretien (quand même), défilé devant Salan (pour lequel on m'a fait abandonner une opération ; faut le faire !).

Le Peloton de Jeeps Blindées du 9ème Escadron du 1er R.E.C.
Le Peloton de Jeeps Blindées du 9ème Escadron du 1er R.E.C.