Le sergent B. était fourrier à la 3ème compagnie du 3ème R.E.I.

Dans le civil il avait été brodeur chez un tailleur de Marseille à l’époque où le sur mesure était de règle. C’est lui-même qui avait brodé l’habit d’académicien de Marcel Pagnol.

Est-ce le contact de l’or et de toutes ces chamarrures qui explique qu’un jour, pris de vertige, B… piqua dans la caisse, et mena quelques temps la grande vie à Nice et Monte-Carlo ? Toujours est-il que son tailleur de patron qui, lui, avait les deux pieds sur terre, porte prosaïquement plainte et que B… doit abandonner les lambris des casinos pour ceux plus modestes du fort Saint-Nicolas.

Il part pour l’Indochine, se conduit bien, brillamment même, est nommé sergent et sous l’influence bénéfique de la Légion Etrangère rembourse toutes les sommes indélicatemment "empruntées". Le patron, lui, n’avait pas retiré sa plainte. Au retour du régiment en Agérie, le sergent B… obtient une permission et descend dans un hôtel à Alger. Fiche d’hôtel, recoupements, patatra B… est arrêté et reconduit à Marseille entre deux gendarmes (le voyage se passe bien car B… pas rancunier, agrémente de bonnes bouteilles les repas qu’il prend avec ses geôliers).

Tribunal de Marseille : B… se présente étincelant, les trois plis réglementaires dans le dos, ses décorations pendantes sur la poitrine. Il est relaxé pour bonne conduite. Le tribunal décide de condamner le patron aux dépens.

Colonel PAINGAULT
Vice-Président de la F.S.A.L.E.