LES RÉCITS DES ANCIENS
DIVERS
LA BARAKA..., CA EXISTE. MOI JE CONNAIS
Ma troisième histoire : Broyer du noir (suite)
Comme ces superbes libellules aux ailes si fragiles, qui, telles des hélicoptères, viennent voler près des fleurs des champs avec une facilité étonnante en restant en vol stationnaire impeccable. Comme ces grenouilles vertes qui sautent de nénuphar en nénuphar avec une légèreté qui vous laisse pensif et admiratif. Et aussi comme ces araignées d'eau qui marchent en surface sans se mouiller et qui parfois exécutent des ballets de danse chorégraphiques assez curieux mais très spectaculaires.
Oui je suis là, près de cette rivière que je déteste et qui pourtant en ce moment joue avec moi comme un aimant, elle m'appelle, m'attire, me parle, me tente. C'est près d'elle que je suis venu me réfugier, près d'elle que je suis là à attendre… Je ne sais pas très bien quoi… C'est vrai je suis désespéré, cet échec me déchire, je ressens comme une meurtrissure dans mon corps et dans mon cerveau où se livre un combat dans lequel s'affrontent des idées qui font peur à l'enfant que je suis.
La nuit est venue et tout est différent. Tout devient dangereux dans cette campagne où les arbres prennent des formes inquiétantes et deviennent des fantômes qui agressent, où le moindre craquement, le moindre bruit prend des proportions gigantesques, où la nature semble devenir un adversaire qui vous écrase et vous rejette. Tremblements, peur, sueur, larmes… Je suis bien piteux… mais que fais-je là ? Non, je n'irai pas dans cette rivière. Le souvenir d'une noyade manquée reste fort, pas question de revivre ces moments affreux et ces douleurs qui vous étouffent… à en mourir.
Enfin, je l'espérais, n'osais y croire mais venant de loin et se rapprochant, on appelle, on cherche, on fouille. Des dizaines de personnes, familles, amis, voisins, in connus sont là. Une vraie mobilisation de sauveteurs équipés de lampes tempête, à acétylène ou électrique, organisée en battue, arrive vers moi. Je suis sauvé. Il était temps ! Le cauchemar durait depuis des heures et des heures. J'étais à bout, les nerfs sur le point de craquer !