LES RÉCITS DES ANCIENS
AVANT 1914
VOL AU COASSEMENT
A la fin du XIXème siècle la France a occupé la Tunisie pour sécuriser les confins Algériens. Un bataillon de la Légion était stationné dans le Sud, dans une zone où les marais étaient légions si j'ose dire ("les chotts"). Le médecin de ce bataillon, jeune lieutenant observateur et toujours désireux d'apprendre constata que les légionnaires présentaient souvent des atteintes de "priapisme" c'est-à-dire qu'ils "présentaient" quasi constamment leur arme personnelle et naturelle dans un état qui aurait provoqué quelque admiration chez des dames curieuses ou des pensées vagues et rougissantes chez les jeunes filles de bonne famille.
Cet état entraînant, outre une fatigue bien compréhensible, quelques désordres dans les maisons spécialisées des garnisons, il entreprit et sans doute réussit dans un premier temps, à traiter les malades avec quelques solutions du bromure bien connu dans nos pensionnats jusqu'à des années pas très éloignées. Mais curieux et observateur (nous l'avons déjà dit), il chercha la cause de l'affection étonnante chez des hommes en pleine forme auxquels les beautés locales ne devaient pas être trop rebelles et cruelles.
Il se rendit compte que pour varier le "rata" de l'ordinaire, les légionnaires péchaient des grenouilles dans les marais pour manger leur chair (my god ! devait peut être soupirer d'horreur le légionnaire anglais fort rare à cette époque …) Oui, mais encore ? Notre médecin poussant plus loin l'observation constata que ces grenouilles se nourrissaient de mouches cantharides. Cette charmante bestiole séchée est un aphrodisiaque paraît-il puissant dont un président de la République usa de telle sorte qu'il mourut à l'Elysée entre les bras de sa maîtresse d'une "overdose" à peu près la même époque. La chair des grenouilles concentrait la cantharide des mouches, les légionnaires mangeaient les grenouilles. "Elémentaire mon cher Watson" : les légionnaires usaient sans l'avoir recherché, d'un aphrodisiaque puissant et le problème était résolu.
Ce jeune médecin lieutenant fit un compte rendu médical fort sérieux (on ne rit pas avec ces choses-là …) qui existerait toujours dans les archives du Musée du Val de Grâce ou de l'Académie de Médecine. (Veuillez excuser l'imprécision mais je vois voler trop de mouches autour de cette feuille). Fut-il récompensé ? Le bataillon dut-il renoncer à ses loisirs de pêche ? L'histoire ne le dit pas. Saluons simplement le sens de l'observation et le dévouement de ce médecin et arrêtons là de noircir le papier de pattes de mouche.
Général Michel FRANQUE