LES RÉCITS DES ANCIENS

LA GUERRE D'ALGÉRIE

L'HOMME À LA PIPE CASSÉE (suite)

La pente a beau être forte, elle est gravie en courant malgré le poids de l’équipement. Pauvre radio avec les quinze kilos de son poste sur le dos.

Hors d’haleine, on arrive sur la crête.
… Les jumelles… l’AM est bien foutue, une roue avant arrachée, l’essieu avant brisé, autour : une, deux, trois, quatre silhouettes….
Ouf ! tout ce petit monde clopin clopant courbattu peut-être mais vivant "Merci mon Dieu !"

Le bigophone :
"A tous les azurs : - AM foutue, pas de casse de personnel" Tout le monde ayant entendu l’explosion, il n’est pas nécessaire d’expliquer le coup pas plus que le secret n’est à garder, les "choufs" fell étant aux premières loges pour constater les dégâts.
- "Pour Azur roulettes : envoyer une patrouille avec un poste PRCG à l’W de la ligne de crête pour prendre contact avec un équipage AM.
Pour poste C2 : Demandez à Béchar l’envoi d’un Wreker pour évacuation de l’AM."
La patrouille des deux Dodges 6 x 6 démarre vers l’AM, les voitures cahotent. Dieu qu’elles sont lentes ! Ils ne sont pas gravement touchés mais qui sait, il y a peut-être des côtes, des bras cassés si les jambes vont bien.

Enfin la voilà au but. Le chef de peloton met le poste en œuvre.
- "Ma Captain, l’AM est complètement foutiou."
Le Sergent-chef Jones, géant écossais à la panse rebondie, n’a jamais su bien assimiler la procédure radio ni se départir d’un accent britannique des plus savoureux. Très capable par ailleurs, sorti premier du brevet d’arme autochar n° 1 et n° 2 de toute l’Afrique du nord.

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