LES RÉCITS DES ANCIENS
1939 - 1945
ANECDOTE (suite)
Le soir même un wagon de troisième classe les emmena à Lyon, les autres furent dirigés sur la Bretagne où ils construisirent leurs installations et leur engagement pour la durée des hostilités ne fût reçu qu'en mars 1940 après l'hiver. Le quatrième jour, nos sept volontaires arrivèrent à Lyon et furent dirigés sur le village de Sathonay évacué par ses habitants. Ils y retrouvèrent une centaine d'autres volontaires provenant des autres grandes villes métropolitaines. Le séjour s'annonça idyllique par le confort du logement et la qualité des repas. Un sergent-chef représentant le 2ème Bureau interrogea chaque candidat (et André R. signa son contrat le 17 septembre devant un adjudant-chef). Le cinquième jour, sous les ordres d'un lieutenant de Légion, départ en autobus, toujours en civil, pour le camp d'instruction. A l'arrivée surprise du capitaine commandant le camp frôlant l'apoplexie, déclarant qu'il n'avait pas été prévenu de leur arrivée, qu'il s'agissait d'un camp d'instruction des réserves et qu'il n'avait rien à voir avec la Légion. Mais le lieutenant sût trouver les mots qu'il fallait et la centaine d'engagés volontaires pût passer la nuit au camp et se voir servir le dîner et le petit-déjeuner. Le lendemain, sixième jour, force fût donc de rentrer à Sathonay mais la troupe n'y trouva plus sa place car de nombreux autres engagés étaient arrivés la veille. Le lieutenant trouva une nouvelle solution en la faisant embarquer en autobus avec comme destination le stade de Lyon. Mais la réception faite par les territoriaux et le capitaine commandant stupéfia nos volontaires quand il leur déclara que jusqu'à nouvel ordre ils seraient considérés comme des prisonniers. Le logement se fit dans les couloirs sous les gradins, menu strict sans pinard, gardés par une sentinelle baïonnette au canon. Ils furent bien séparés d'un détachement de réservistes, rappelés, de la «régulière». A partir du septième jour, ordre fût donné de creuser des tranchées antiaériennes dans le stade et tout autour. Le détachement d'engagés y alla de bon cur et s'acquitta rapidement de sa tâche dans le secteur qui lui avait été attribué si bien qu'un délégué des réservistes (qui avaient pourtant droit au pinard) vint expliquer qu'il fallait ralentir cet enthousiasme car ils ne pouvaient pas suivre le rythme «Légion».
Au onzième jour Edouard Herriot, Maire de Lyon, vint inspecter les travaux. Trois E.V. demandèrent la permission de s'entretenir avec lui de leur préoccupation d'être gardés comme des prisonniers. Le surlendemain la situation évolua donc et des autobus encadrés par la gendarmerie vinrent chercher tous les E.V. afin de les acheminer au train de Marseille.