LES RÉCITS DES ANCIENS
LES ANNÉES QUATRE-VINGT
LE COUP DE LA BOMBARDE (suite et fin)
Un éclair, une détonation, une épaisse fumée de bombarde, il n'y a plus ! Mille morceaux d'éclats ont valsés dans tous les azimuts ! Il n'y a plus de bombarde Elle n'existe plus !
Le podium est soulevé et porte sous ses planches des éclats profondément incrustés. Les branches des arbres près du lieu sont hachées. Hélas, à quatre-vingt mètres, une petite fille est blessée ; heureusement sans gravité. Quelle désolation !
La surprise passée, pas une égratignure pour mon ami est moi-même. Que de chance ! Nous restons là, les visages noircis par la poudre, interloqués de ce coup du sort, et l'émotion passée, bienheureux d'être encore entier et en vivants.
Sacrée bombarde Toute la région en a parlé et même la presse a relaté l'histoire en ces termes : "Un colonel, ancien officier à la Légion Etrangère, revenu indemne de beaucoup de campagnes aurait pu trouver la mort, victime d'une vieille bombarde sur un terrain de sport pour un combat pacifique, cela aurait été moins glorieux !"
La moralité, c'est qua la "Baraka", comme depuis mon baptême du feu en septembre 1939 devant la ligne Siegfried, ne m'a pas quitté, et j'ai aujourd'hui 84 ans. C'est moi qui m'en irait un jour, je ne suis pas pressé, le plus tard possible. Ce n'est pas une vieille bombarde qui aura eu ma peau. Vous m'en voyez ravi, mais pour ce coup là, quelle frayeur rétrospective.
Sachez que la course est partie et depuis longtemps arrivée.
Lieutenant-Colonel
(ER) Taurand Robert
Commandeur de la Légion d'Honneur
Ancien officier au 5ème R.E.I. et à la 13ème D.B.L.E.