LES TRADITIONS DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
LE
COMBAT DE CAMERONE
30 AVRIL 1863
RAPPORT
DU COMMANDANT REGNAULT, COMMANDANT PROVISOIREMENT
LE REGIMENT ÉTRANGER A CORDOVA, AU GÉNÉRAL DE MAUSSION,
COMMANDANT LA BRIGADE DE RÉSERVE A ORIZABA (suite)
Il était
environ 8 heures du matin, lorsque la cavalerie parut à Palo-Verde,
barrant la route dans la direction de Chiquihite.
Le café n'était pas achevé; le Capitaine Danjou, fit
renverser les marmites, il envoya chercher l'escouade du Caporal Maguin, qui
était de garde à l'eau, fit charger le campement et se mit en
retraite, en colonne, prêt à former le carré avec une
escouade de tirailleurs.
En quittant Palo-Verde, il prit à droite de la route dans un terrain
parsemé de broussailles, afin de mieux se défendre contre les
attaques de la cavalerie. L'ennemi supposa que le capitaine Danjou, prenait
cette direction pour mieux reconnaître, de jour, le chemin de Joya qui
avait déjà été reconnu la nuit. Il n'attendit
pas et se retira.
En arrivant à Camerone, le village parut occupé: un coup de
feu parti de l'une des maisons et vint blesser un homme de la colonne. Dans
l'espoir de prendre l'ennemi, on chercha à le cerner. Une section se
dirigea à droite, l'autre à gauche des maisons. Les deux sections
se donnèrent rendez-vous sur la route, de l'autre côté
du village, et elles s'y rejoignirent.
On fit une pause d'un quart d'heure qui fut consacrée à fouiller
les maisons; il ne s'y trouvait personne.
Au même moment, l'ennemi parut en grand nombre sur la droite de la route.
Le Capitaine Danjou, quittant Camerone, marcha droit à lui. L'ennemi
céda d'abord le terrain mais, arrivé à trois cent mètres
de Camerone, le Capitaine Danjou était entièrement cerné.
Milan, avec la cavalerie régulière, avait pris position entre
les nôtres et les maisons de Camerone. La cavalerie formant un cercle,
chargea vigoureusement jusqu'à soixante mètres. Elle fut repoussée
par les feux des deux faces.
Profitant d'un moment de répit, le capitaine Danjou, gravit un petit
talus qui longeait la route à gauche et arriva jusqu'au village de
Camerone. Là, il se forma de nouveau en carré; il fut de nouveau
chargé et cette seconde charge fut repoussée comme la première.
La colonne prit alors sa direction sur la maison de Camerone qui se trouve
au sud de la route, elle se fit jour au travers de la cavalerie, au cri de
"Vive l'Empereur".
La maison de Camerone, se compose d'une cour carrée de 50 mètres
de côté, et, à la face qui longe la route, est adossé
un corps de bâtiment partagé en plusieurs chambres. Ces chambres
communiquent par des fenêtres et des portes d'un côté avec
la route, de l'autre avec la cour. A l'intérieur et tout autour de
la cour se trouvent des hangars ouverts et ruinés depuis longtemps.
L'orientation des quatre faces est à peu près celle des quatre
points cardinaux. On entre dans la cour par deux grandes portes percées
dans la face qui regarde l'Ouest.