L'HISTOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE

1914-1918

6 - LE RÉGIMENT DE MARCHE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE

6 - E - En Champagne : 17 avril 1917 Le «Golfe» d’Aubérive

6 – E – 3 – Le récit des combats par le bulletin des armées

«Le 17 avril, à quatre heures quarante-cinq, le 1er Bataillon qui, d'après le plan d'attaque, devait pénétrer dans la tranchée allemande entre le bois en T et la Sapinière, puis faire face à l'est pour progresser dans le Golfe, part à l'assaut, suivi du 2ème Bataillon. L'élan est magnifique : malgré le vent qui souffle en tempête et la pluie qui cingle les visages, malgré les blocs de boue dont ils sont bottés, les légionnaires franchissent le parapet et, par les brèches pratiquées dans nos fils de fer, atteignant le réseau ennemi ; la cisaille achève le travail de démolition effectué par notre artillerie. La légion passe et s'engouffre dans la tranchée des Bouleaux, marée jaune à laquelle l'ennemi, qui reconnaît le drap kaki des Africains, ne pourra résister. Les grenades, lancées à bout portant, déblayent le terrain ; les corps ploient sous l'étreinte; dans cette fin de nuit que prolonge la tourmente, on ne voit guère; nos braves se reconnaissent à la voix et poursuivent, malgré les mitrailleuses, dans les boyaux et les abris, leur oeuvre impitoyable.

Les Allemands, ne pouvant tenir dans leur première ligne, se retirent dans la deuxième; les légionnaires ne leur laissent aucun répit ; les tranchées du Golfe sont enlevées. A mesure qu'on s'approche d'Aubérive, la résistance devient plus acharnée ; on sent tout le prix qu’attache l'ennemi à la conservation de cette position capitale. Dans les tranchées de Byzance, des Dardanelles, du Prince Eitel, les mitrailleuses, les lance-flammes, les grenades opposent à nos troupes des barrages de mort.

La légion passe quand même, à force d’héroïsme.

Dans cet enfer, les hommes de 51 nationalités différentes se battent contre l'Allemand. Le plus grand nombre ne luttent pas pour la sauvegarde d'un foyer ou la conservation d'un patrimoine national ; ce ne sont pas non plus des mercenaires qu'attirent de hautes payes ou l'espoir de riches butins, ils sont là, vétérans de la vieille légion d'Afrique, volontaires pour la durée de la guerre, de toutes qualités sociales, des plus humbles comme des plus élevées, de toutes les cultures, des plus simples comme des purs raffinées, conduits par l'instinct qui les domine, la haine de l'Allemand et l'amour de la liberté.

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Un canon de 75 appuit l'assaut en Champagne
Un canon de 155 mm en action en Champagne
Carte des combats de la Légion en Champagne