NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE LÉGIONNAIRE ZINOVI PECHKOFF
GÉNÉRAL DE CORPS D'ARMÉE, AMBASSADEUR DE FRANCE

2 - Annexe : Le premier mystérieux - Souvenirs de guerre d'un légionnaire suisse
G. - Jean REYBAZ (Paris 1932 - André Barry éditeur, 12 quai des Célestins)

2ème Régiment de marche du 1er Etranger, printemps 1915 - ... "Le feu affronté en commun pendant de longs mois avait fondu ensemble volontaires étrangers et légionnaires, avait fait de ces métaux divers un alliage souple et résistant comme le bronze; le symbole de cette union était dans ces cimetières de Champagne, aux Marquises, à Prunus, à Vernezay..., où les morts de la Légion reposaient côte à côte sous une croix portant une inscription identique".

LES LÉGIONNAIRES D'AFRIQUE

"... Une machine admirablement réglée, qui fonctionne sans heurts; d'une souplesse qui lui permet de s'adapter de façon quasi instantanée à n'importe quelle circonstance: ainsi à la guerre en France. S'agit-il de frayer à travers la forêt une voie pour l'artillerie lourde ? Les hommes de la Légion se transforment en pionniers; sur la route qu'ils auront pratiquée dans la sylve, les gros courts et les gros longs ne risqueront pas de s'enliser. On pourrait tout aussi bien leur demander de construire un pont, de rebâtir dans un temps record une agglomération de maisons détruites... Le sentiment guerrier n'est jamais entièrement assoupi chez eux Ils peuvent être au repos, éparpillés et en apparence détendus, certains dans la béatitude d'une demi ivresse: on devine qu'il suffirait d'un coup de clairon pour qu'aussitôt ils reviennent, dans la main de leurs chefs, l'instrument incomparable qu'ils furent toujours.
C'est bien la vieille armée française, valeureuse et stoïque cette armée dont les soldats, au siège de Sébastopol, sous l'oeil étonné des chefs anglais, renversaient vingt fois par jour la marmite pour courir, le ventre creux, aux points menacés.

Jamais ils ne parlent de la guerre (cette guerre-ci tout au moins) sauf pour y faire une allusion brève, et formulée comme à regret. La guerre européenne, évènement capital à nos yeux, n'est ou ne semble être pour eux qu'un incident. Ceux qui en réchapperont continueront à se battre pour la France, puisque c'est leur sort; mais sous des ciels plus lumineux, dans des régions d'Afrique ou d'Asie où les mœurs, demeurées primitives, sont en harmonie avec leurs instincts les plus profonds. Leurs officiers, d'un dynamisme, d'un cran prodigieux, forment à la vérité, un corps unique au monde. A côté de la fleur des promotions de Saint-Cyr on y rencontre, du côté français, des chevronnés sortis du rang, ayant forgé eux-mêmes leur sabre. Ceux qui proviennent d'une armée étrangère ont effectué, avant d'être admis à exercer un commandement, un stage au cours duquel leurs aptitudes et leur valeur ont été soumises à un contrôle sévère. Chez tous ces hommes, quel amour exclusif, ombrageux, de leur glorieuse unité, quel souci de son honneur ! Le jour de la prise des "Ouvrages blancs", un capitaine breton est évacué du champ de bataille, en pleine action par deux poilus. Tout son corps n'est qu'une plaie, par où son sang s'échappe; son sang, pas encore son âme. Une compagnie, durement mitraillée, demeure en arrière des autres. Lorsqu'il passe auprès d'elle le moribond se soulève un peu sur sa civière et, injuste sans doute, apostrophe magnifiquement celui qui la commande et le traite de lâche indigne d'appartenir à la Légion...