NOS ILLUSTRES ANCIENS

LE COMMANDANT BJERRING
CHEF DE BATAILLON DU 5ème R.E.I. ET GRAND RÉSISTANT (suite)

Fin mars, le commandant convoquera un de ses adjoints, Limousis, ancien officier de la Légion Étrangère, lui communiquera toutes les consignes, tous les deux firent serment de ne jamais dévoiler à qui que ce soit, quoi que ce soit intéressant le groupement de résistance, les missions, le personnel… Le mouvement de résistance au Tonkin était peu ou presque pas connu des Japonais, ce n'est qu'au début d'avril 1945 que ces derniers commencèrent à s'y intéresser.

Le dimanche 1er avril, le Japonais arrêtent le Commandant Bjerring à son domicile et l'incarcèrent dans un cachot de la Sûreté. Madame Bjerring qui venait de se fixer à Hanoï fut arrêtée le 9 avril en compagnie de ses hôtes : le Docteur et Madame Quénardel, de Madame Bojon, de Madame et Monsieur Hursy, tous habitant sous le même toit. Ils furent emprisonnés dans un cachot infect de la gendarmerie japonaise(1). Sans eau, mêlés à des Annamites couverts de vermine, Madame Bjerring et ses amies furent relâchées le 16 avril. Entre temps 150 résistants furent arrêtés et emprisonnés, soit à la gendarmerie japonaise, soit à la Sûreté.

Dès son arrestation, le Commandant Bjerring est placé dans une cellule, il est malade. Un éclat d'obus, reliquat de la guerre de 1914-1918, est venu depuis peu se placer contre l'aorte. Il est sujet à des étouffements.

Les japonais commencent à l'interroger, mais ne peuvent rien en tirer. Très digne, toisant ses bourreaux, le Commandant Bjerring est de nombreuses fois "matraqué", roué de coups, soumis à l'épreuve des décharges de courant électrique au moyen d'une magnéto. Rien n'y fait. Il a juré de ne rien dire, il ne dira rien. Il peut en cachette parler avec son voisin de cellule, son ami Giraud, chef de la résistance française au Tonkin. Ils sont d'accord sur la conduite à tenir. Privés de nourriture, couverts de poux, le moral des deux chefs est admirable "Courage, c'est du peu" dit Bjerring.

Hélas, une dysenterie se déclare et achève de miner les forces du commandant. Il perd du sang continuellement, il est faible et ne tient debout que par un effort d'énergie. Il se cramponne encore : "Courage Giraud, nous tenons le bon bout", dit-il.

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(1) : La Kempeitai était la gendarmerie dans l'armée impériale japonaise en charge des fonctions de police militaire. De nombreux français d'Indochine eurent à subir les mauvais traitements et les tortures de cette organisation. Plusieurs chefs de cette gendarmerie seront jugés à la fin de la guerre pour crime contre l'humanité. (Ndlr)

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Citation du Lieutenant François Limousis
Défilé militaire devant le Commandant Bjerring
Le Commandant Oswald Bjerring
Le 5ème R.E.I. au Tonkin