LES FAITS D'ARMES DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE

LA ROUTE DU ZIZ

Le tracé de la route (deuxième partie - suite)

A partir du poste, la route prend une orientation générale au sud. Elle traverse la plaine sur une longueur de six kilomètres en laissant à sa droite les zones cultivées et, après avoir évité le ksar d'Izerrhane, rejoint la rive gauche de l'oued à hauteur du marabout de Moulay Ben Kasseur, environ un kilomètre avant l'entrée des gorges du Ziz.

- PK 107 : altitude 1 215 m.
La route pénètre dans les gorges du Ziz entre, sur la rive gauche, le djebel Tizi N'Firest culminant à 2 080 mètres au djebel Bou Sta et, sur la rive droite, le djebel Izouggarn. L'aspect de ces deux chaînes est très différent de celui des chaînes traversées jusqu'au poste de Kerrando. De schisteuse qu'elle était tout au long des premières chaînes du Haut-Atlas, la roche devient calcaire et prend une teinte ocre tirant sur le rouge. La vallée se rétrécit et les pentes, de part et d'autre de l'oued deviennent de plus en plus abruptes et encombrées d'éboulis de roches détachées de la paroi par les variations de température entre le jour et la nuit. La route s'élève à travers ces éboulis dont la hauteur atteint soixante à soixante-dix mètres jusqu'à l'éperon rocheux du Foum Zabel.

- PK 111 : altitude 1 260 m.
Le "Tunnel de la Légion" traverse l'éperon du Foum Zabel. Cet éperon qui prend corps dans le djebel Tizi N'Firest coupe littéralement la vallée du Ziz et ne laisse à l'oued qu'un passage extrêmement étroit d'une largeur de vingt-cinq mètres environ, sur une longueur de l'ordre de trois cents mètres. Les pentes de l'éperon, extrêmement abruptes ne laissent aucune possibilité de le contourner. La seule solution possible était de passer au travers en perçant un tunnel à une hauteur suffisante au-dessus du niveau des plus hautes eaux afin que le tunnel ne soit pas inondé par les crues.
Compte tenu des moyens matériels réduits dont disposait l'armée française en 1927, il n'était pas possible de percer le tunnel à une hauteur d'une dizaine de mètres au-dessus de l'oued, l'épaisseur de rocher à traverser étant en effet de l'ordre de deux cent cinquante mètres. La solution adoptée par le Génie a consisté à percer le tunnel à une hauteur de cinquante mètres au-dessus du fond de la vallée, l'épaisseur du rocher n'étant plus alors que soixante mètres environ. Cette solution obligeait toutefois à pratiquer dans les éboulis une route en corniche sur une longueur d'à peu près trois kilomètres à son aval.

L'éperon du Foum Zabel, d'une teinte ocre contrastant fortement avec la teinte ocre rouge de la montagne environnante, est d'une nature différente de celle de la montagne. Certains y ont vu une roche granitique ce qui paraît inexact. En fait, la roche du Foum Zabel est plus vraisemblablement un calcaire très dur, ce qui n'enlève rien aux mérites de la 3ème Compagnie de Sapeur-Pionniers du 3ème Régiment Etranger d'Infanterie qui avaient été chargés de creuser le tunnel.

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