LES FAITS D'ARMES DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
COMMEMORATION DU 50ème ANNIVERSAIRE DES COMBATS DE LA R.C. 4
III / LES TÉMOIGNAGES DES ANCIENS COMBATTANTS
Amédée THEVENET,
Sergent, Chef de groupe mitrailleuses
de la 1ère Compagnie du Bataillon de Marche du 8ème R.T.M.
«
Nous sommes le 2 octobre 1950.
Le Bataillon de Marche du 8ème R.T.M. a quitté Lang-Son
le 17 septembre, sachant déjà qu'il va au «casse-pipe».
Tout le monde le sait.
Actuellement la 1ère compagnie, sous les ordres du Capitaine
Feuillet, vient de s'installer en position défensive sur le
piton Na-Ngaum qui protège la R.C. 4.
Vers l'est, le terrain est dégagé et c'est du mont en
face que nous voici soudain arrosé par le tir miaulant des
mitrailleuses Skoda que nous connaissons bien. Sergent, chef de ces
armes, c'est là que je fais pointer mes deux mitrailleuses
Rebell, toutes neuves. Les Skoda se taisent quant retentit tout d'un
coup, derrière nous, dans les broussailles, une sonnerie de
clairon suivie d'un tonnerre de cris, de grenades et de mitraillage
à bout portant. Une horde de petits bonhommes verts, couverts
de feuillages tente de nous submerger. On est face à face,
à dix contre un peut-être, avec d'un coté les
Kalachnikov qu'on avait jamais vues, et de l'autre des P.M. 38 trop
petits et de lourds fusils Enfield. Les tirailleurs essayent d'adapter
leurs baïonnettes. Ils n'en ont pas le temps. Ils tombent comme
des mouches. Le Capitaine Feuillet me fait un signe que je ne comprends
pas et il tombe à son tour.
Plus de munitions. Il faut se replier, descendre sur la R.C. 4. Reprendre
le combat, si on n'est pas trop blessé. C'est ce qu'on fera
jusqu'au 7 octobre, sur la côte 477, à la jonction de
la colonne Charton.
Les vingt-cinq survivants du camp III, empêchés, m'ont
prié de les représenter. Ils nous demandent d'avoir
une pensée pour les rescapés de la R.C. 4 qui sont morts
dans les camps, en particulier le Capitaine Feuillet et le Caporal
Journes.
Ce dernier a été fusillé devant nous à
la mitrailleuse, pour le motif : Attachement indéfectible
à l'impérialisme français
»