DIVERS

La Poésie à la Légion Étrangère

 

Il était multitude

Seul, il allait, de son pas lent, vers ce lieu Seul
Où dormaient à jamais dans leurs mornes cercueils
Ceux qui sont tombés au mutan de la guerre
Et qu'on baptise héros quand on les met en terre.

Il était seul, pourtant il était multitude
Riant tout bas de ceux qui dans sa solitude
Le croyaient enfermé !
                                  Car ils étaient tous là
Les amis de toujours, ses amis de Combat
Qui l'attendaient au rendez vous du Souvenir
Morts, Morts ! Allons donc
                                       Lui les ferait sortir
De l'humus pourrissant par l'ardente magie
D' un coeur qui se souvient...Et redonne la vie.


Et de tombe après tombe, il s'en va, leur parlant
Tel un choeur antique, un pôle récitant :

Karl Müler, vieux copain de guerres emmélées
Croix de Guerre et de Fer, médailles en allées
Au trou de ta poitrine.
                              Ustini Aldéo,
Chante encore pour moi
                                   Ton dernier Bel-Canto.

Kuksisko Andréas, de ta voix de stentor
Je t'entends engueuler cette putain de mort
Qui osait te défier mais qui t'a eu, la Garce
Car tu ne croyais pas en son ultime farce.

Bébert de Belleville, Aristo de la Butte
Tard venu parmi nous pour partager nos luttes…

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