LES RÉCITS DES ANCIENS

1939 - 1945

LÉGIONNAIRES CONVOYEURS D'OR
(Une mission par toujours dorée sur tranche)

Il ne faut pas chercher dans ce récit un fait d'armes, mais tout simplement une mission singulière au crédit de la Légion, alors que celle-ci se trouvait à cette époque dans une situation ambiguë.

Lors de mon engagement à la Légion, le 5 avril 1939 à Vernet d'Ariège, j'étais bien loin d'imaginer qu'une de mes premières missions importantes que je devais accomplir comme caporal, serait celle de convoyer une petite partie de la réserve d'or de la Banque de France.

Les très anciens Légionnaires ont connu le cheminement et méandres du parcours d'alors, avant affectation dans une unité constituée. De tous points de l'Hexagone, l'azimut "magnétique" était : le Fort Saint-Jean à Marseille, puis le petit Dépôt d'Oran et, enfin, l'incontournable musée de notre vénérable maison, où suivant l'heure d'arrivée, la visite commentée ne se terminait que fort tard dans la nuit, sinon au premières heures du matin.
Après toutes les démarches administratives, c'était la compagnie d'instruction. En ce qui me concerne cela avait été El-Aricha. Coin perdu s'il en fut, situé à 1.200 mètres d'altitude et à 145 kilomètres au sud sud-ouest de Bel-Abbès.
L'état d'âme des nouveaux engagés lors du premier contact avec la Légion était très différent selon qu'il s'agissait d'éléments ayant déjà fait connaissance avec les armes et ceux n'ayant aucune expérience dans la matière et encore moins en ce qui concerne la discipline.

L'instruction fut sévère sur ce plateau dénudé, ingrat et loin de tout ; le sport et le maniement d'armes se succédaient à un rythme soutenu, couplés avec l'entraînement à l'ordre serré, ainsi que les tests à l'effort, à la soif, au contrôle de soi-même, à la vie en collectivité et au respect de chacun.
Mon chef de section était le Lieutenant de Sérigné, dur pour les futurs Légionnaires, mais également, sinon plus, pour lui-même. De toutes façons, juste. Bien que sortant de l'adolescence mais déjà expérimenté par deux ans de guerre civile en Espagne, j'ai "épié" ce jeune officier pendant les six mois que durait l'instruction est c'est certainement grâce à son contact, que je me suis pris à rêver de devenir un jour moi-même officier.

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