LES RÉCITS DES ANCIENS

LES ANNÉES SOIXANTE

UN STAGE DE FORMATION AU 2ème REP À CALVI

Dans ma folle jeunesse, préambule à une vieillesse déraisonnable, j'ai eu l'extrême joie d'effectuer un stage de formation au 2ème R.E.P. de Calvi. Le régiment était encore basé à Bou-Sfer près de Mers el Kebir et dans ce milieu des années soixante du siècle écoulé venait juste de prendre possession du camp Raffali de Calvi avec une compagnie de base et, à tour de rôle, une compagnie de combat qui venait prendre un repos légionnaire en maniant pelles, pioches, truelles ou pinceaux pour donner le cachet et le chic Légion à des baraquements piteux abandonnés depuis quelques années par le 11ème Choc, occupé lui aussi par la terre africaine.

Dans le souci de se faire admettre convenablement par une population insulaire sympathique mais sourcilleuse sur la propreté de ses armes et la netteté de sa gent féminine, sentiments fort bien partagés par nos légionnaires, le Colonel était très strict sur les sorties en ville et les incidents éventuels avec les civils. Dans ce but il avait interdit aux légionnaires l'accès à quelques plages privées ou clubs de vacances où l'odeur de sable chaud de nos camarades émoustillait le caractère primesautier de quelques touristes esseulées (je tiens au féminin de l'adjectif, touriste étant un peu … comment dirais-je ? neutre voire asexué comme nom commun).

Un dimanche où j’errais sans but bien défini devant la vacuité presque anglaise de ce jour et où j'hésitais entre Saint Thomas d'Aquin ou Coplan au Katanga, un sergent-chef autrichien de la compagnie où j'étais, vint me voir pour me proposer une sortie (initialement) nautique dans un de ces clubs interdits. Je lui rétorquais avec la naïveté de mon jeune âge que nous nous verrions refuser l'entrée étant en uniforme et il était interdit, en ces temps lointains, de sortir en civil.

Ce sous-officier rit de mon respect de la discipline trop appuyé et convaincu par ses arguments ludico-sportifs je mis un survêtement neutre et nous partîmes au club où nous entrâmes en cabine pour nous changer en maillot de bain sans être le moins du monde arrêtés par de quelconques vigiles plutôt ensommeillés en ce début d'après-midi splendide où le soleil était d'Austerlitz mais avec la température de la bataille des Pyramides.

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Le 2ème R.E.P. en exercice
Le 2ème R.E.P. à l'exercice